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excellence John Montgomerie, capitaine-général et gouverneur en chef des provinces de sa majesté, New-York, New-Jersey, etc. » C’est un descendant des compagnons de Guillaume de Normandie, comme l’indique la devise française : garde bien, qui se déroule dans un cartouche au bas de son écu. De l’autre côté du plan sont les armes parlantes de New-York. Le champ est découpé, par les quatre ailes d’un moulin à vent posées d’écharpe, en quatre compartimens égaux dont deux barils de farine occupent ceux de droite et de gauche, et deux castors passans ceux d’en haut et d’en bas. L’écu est flanqué d’un matelot hollandais tenant la sonde, en souvenir de la découverte de l’Hudson, : et d’un aborigène, un Mohican muni de son arc. Ces armes de New-York ont été religieusement conservées ; le sceau de la municipalité n’en a jamais eu d’autres.

Sur ce vieux plan, la ville occupe déjà toute la pointe de l’île de Manhattan. On y voit un dédale de rues se croisant d’une façon irrégulière, et portant pour la plupart les noms qu’elles ont encore ; les dénominations royalistes ont seules été changées plus tard, à la suite de la révolution américaine. Un fort au bord de l’eau commande l’extrémité de la pointe, mais les murailles et les fossés des Hollandais ont disparu ; une rue, Wall-street, les rappelle et en marque une des directions. Sur un monticule, à l’extrémité opposée à la pointe de l’île, un moulin à vent ; au-delà, « la ferme du roi, » puis des terrains vagues, des eaux stagnantes, une prairie, nettement indiqués par le dessin et bordant « la grande route de Boston. » Sur les bords des deux rivières qui baignent l’île de Manhattan, l’Hudson ou rivière du Nord et la rivière de l’Est, sont tracés les quais, les entrepôts, les cours, les jetées, les chantiers maritimes, — keys, docks, yards, wharves, slips, — avec les noms respectifs des-négocians auxquels ils appartiennent. La ville, qui contenait alors 8,000 habitans, est divisée en six wards ou quartiers. On n’y compte pas moins de dix églises, y compris les deux des Hollandais, la synagogue des juifs et « l’église française ; » le reste appartient aux diverses sectes réformées, baptistes, quakers, presbytériens, luthériens. Partant de la place de la Parade, du pied du fort où est « la chapelle du roi, la maison du gouverneur et l’office de la secrétairerie, » se détache une grande artère, Broadway, la « rue large ; » elle vient mourir en une longue allée d’arbres, dans les terres qui marquent au nord-est la limite de la ville. Tout cela est soigneusement reporté sur le plan, dont le dessin, exécuté d’un burin à la fois élégant, correct et léger, nous peint d’une manière saisissante la cité de New-York telle qu’elle était il y a moins de cent cinquante ans.

Le fort, où vivait le gouverneur, où étaient installés les bureaux de la province, se nomme aujourd’hui Castle-Garden ; il a été