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de 52,200 sesterces, chiffre qui représente l’intérêt à 5 pour 100 du capital mentionné plus haut. » Ainsi Trajan prête sur son trésor impérial ou sur sa cassette privée 1,044,000 sesterces pour que l’intérêt annuel de cette somme subvienne aux misères des enfans pauvres de la cité de Véléia ; il fait ce prêt sur hypothèque à cinquante-deux propriétaires, qui déclarent la valeur totale de leur terre et la portion de cette valeur qu’ils consentent à hypothéquer contre la somme reçue par eux ; et les intérêts de cette somme, ils les versent chaque année, non pas entre les mains de l’empereur, mais au trésor de la cité, lequel l’emploie à l’alimentation des enfans. La teneur d’une de ces obligations fera parfaitement comprendre le mécanisme de l’institution. La première est ainsi conçue : « G. Volumnius Mémor et Volumnia Alcé, par l’entremise de Volumnius Diadumène, leur affranchi, ont déclaré que la valeur de leur bien, désigné sous le nom de fonds Quintiacus Aurélianus, avec la colline Muletas et ses forêts, composant un domaine situé dans la cité de Véléia, canton (pagus) Ambitrébius (par conséquent sur les deux rives de la Trébie), domaine qui est contigu à ceux de M. Mommeius, de Satrius Severus et au domaine public (populus), — est de 108,000 sesterces. Sur cette valeur, ils déclarent hypothéquer la somme de 8,692 sesterces qu’ils recevront en écus, en échange de laquelle somme ils engagent leur domaine pour une valeur égale. » En calculant l’intérêt à 5 pour 100 pour ces 8,692 sesterces, on voit que les propriétaires nommés dans la première obligation devront verser par an lui 3 sesterces dans la caisse des pauvres.

Le contrat de Campolattaro est relatif aux enfans pauvres de la cité des Ligures Cornéliens-Bébiens près de Bénévent. Il est conçu de même ; seulement, comme le pays était moins riche, l’empereur prête à 2 1/2 pour cent. Le temps n’a épargné que ces deux monumens, mais il est certain que des contrats analogues avaient été passés entre l’empereur et toutes les cités de l’Italie ; nous en avons la preuve dans l’organisation du vaste service de fonctionnaires créés, pour ces nouveaux besoins et dont les inscriptions nous font connaître la hiérarchie ; préfets alimentaires, curateurs, procurateurs et questeurs municipaux. L’institution trajane était donc une ingénieuse et féconde combinaison du crédit foncier avec l’assistance publique. Pour assurer la perpétuité de la rente, c’est-à-dire du bienfait de l’empereur, l’argent prêté par lui était garanti par l’hypothèque, et les petits propriétaires qui cherchaient à emprunter pouvaient le faire dans des conditions exceptionnellement avantageuses (2 1/2 et 5 pour 100), attendu que l’intérêt commercial de l’argent était de 12 pour 100, si bien qu’en soulageant la misère publique Trajan venait en aide à la petite propriété et favorisait ainsi le développement de la richesse agricole, On peut ajouter qu’en