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se rouvrir, il y a des projets pour toutes des idées et pour tous les goûts, les premiers projets de M. Dufaure, la proposition déposée par M. le duc de Broglie à la veille de sa sortie du ministère, le rapport présenté au nom de la commission des trente par M. de Ventavon quelques jours avant les vacances. Il y a des projets pour la seconde chambre, pour la loi électorale. Que résulte-t-il de tout cela ? C’est qu’il y a réellement un principe admis, consacré par une série de votes dont on ne peut décliner d’autorité ; il y a une nécessité d’organisation constitutionnelle qui est comme un des élémens du contrat entre l’assemblée et M. le maréchal de Mac-Mahon, qui a été affirmée, reconnue, traduite en actes parlementaires, et devant laquelle la chambre ne peut plus reculer sans se désavouer elle-même, sans biffer d’un trait ses propres votes, les travaux de ses commissions, les déclarations et les messages de M. le président de la république. L’assemblée a fait trop de chemin pour rétrograder, ou bien elle ne peut rétrograder que pour se trouver en face d’une dissolution devenue inévitable. Voilà la vérité.

Oui sans doute, chercher le dernier mot de cette longue élaboration constitutionnelle, donner au pays les institutions dont il a besoin, éviter d’aller à la dissolution par impuissance, c’est là le problème à résoudre, on n’en disconvient pas ; mais où est la majorité avec laquelle on peut arriver à cette organisation nécessaire ? sur quel terrain se reconstituera-t-elle, cette majorité qu’on cherche partout et qu’on ne trouve nulle part ? Évidemment c’est là ce dont on devrait s’occuper avant la réunion de l’assemblée, si on veut éviter de se laisser surprendre par les premières bourrasques parlementaires. Le gouvernement n’est point obligé de préparer des propositions nouvelles, puisqu’il y a déjà toute sorte de projets qu’on peut arriver à combiner et à fondre dans une œuvre définitive, si on le veut ; mais, s’il n’est pas obligé de prendre une initiative inutile, il est du moins tenu d’avoir une politique, et il ne peut avoir une politique qu’en se recomposant, en se fortifiant, en s’arrangeant de façon à ne pas offrir au mois de décembre le spectacle qu’il a offert au mois de juillet le jour où M. le vice-président du conseil s’est cru forcé d’abandonner aux ressentimens de la droite un message de M. le président de la république. Les chefs des fractions modérées de l’assemblée ont eux-mêmes à se demander plus que jamais ce qu’ils veulent et ce qu’ils doivent faire. En réalité de quoi s’agit-il ? Est-il donc impossible de s’entendre pour arriver à une action commune entre le centre droit et le centre gauche ? La république existe, et on ne peut pas rétablir la monarchie, cela n’est douteux pour personne, pas plus pour île centre droit que pour le centre gauche. Ce premier point une fois admis, est-il si difficile de se mettre d’accord sur la constitution d’une seconde chambre, sur les conditions de la loi électorale, sur les garanties dont la transmission du pouvoir exécutif doit être entourée, sur le droit réservé au pays de disposer de ses destinées par la révision régu-