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Levant, commandée par don Martinez de Vertendona. Dans cette dernière flotte en effet, composée de 10 navires, on ne rencontrait que des montagnes mouvantes, des bâtimens comparables, par leurs dimensions, à nos grandes frégates ou à nos corvettes[1]. Il y avait là un groupe rassemblant sous une forme très compacte 8,632 tonneaux de jauge, 319 canons, 844 matelots et 2,792 soldats. A la droite de ces six divisions de combat naviguaient les hourques et les pataches. Les hourques, c’était le convoi ; les pataches tenaient lieu d’escadre légère. Monté sur le Grand-Griffon, don Juan Lopez de Médina dirigeait les premières, au nombre de 23 navires ; 24 pataches obéissaient aux ordres de don Antonio de Mendoza. Quatre galéasses, grosses galères de Naples, montées chacune par 130 matelots, 270 soldats et 300 galériens, suivaient la bannière de don Hugo de Moncada ; 4 galères de Portugal, plus alertes, mais plus faibles aussi d’échantillon, n’ayant à bord chacune que 106 matelots, 110 soldats et 222 esclaves, reconnaissaient pour amiral don Diego de Medrana. Ces huit navires à rames, amenés jusque dans la Manche, pouvaient en temps de calme y rendre les plus grands services.

Voyons maintenant ce qu’étaient les forces anglaises : la flotte de la reine, composée de 34 navires, montée par 6,279 hommes, jaugeait 11,850 tonneaux. Le plus fort bâtiment de cette flotte était le Triumph, de 1,100 tonneaux avec 500 matelots à bord. La moyenne du tonnage, — 347 tonneaux, — celle des équipages, — 185 hommes, — indiquait un corps de bataille où chaque unité avait sa valeur. C’est là que tous les pavillons de commandement avaient trouvé un navire digne de les porter. Le grand-amiral, Charles Howard, s’était placé sur l’Arche-Royale, de 800 tonneaux ; le comte de Cumberland sur l’Elizabeth-Bonaventure, lord Henry Seymour sur le Rain-Bow, lord Thomas Howard sur le Lion d’or, lord Edmond Sheffield sur l’Ours blanc, sir William Winter sur le Van-Guard, sir Francis Drake sur le Revenge, sir Robert Southwell sur l’Elizabeth-Jonas, John Hawkins sur le Victory, sir Henry Palmer sur l’Antelope, Martin Forbisher sur le Triumph, sir George Beston sur le Dreadnought. Six divisions formées de navires nolisés, une division de gabares, complétaient l’armée navale d’Angleterre[2].

  1. A la Forte par exemple, de 2,043 tonneaux de déplacement, ou à l’Ariane, de 1,050.
  2. On se fera aisément une idée de la force de ces divisions nolisées qui ne comprenaient pas moins de 163 navires, si l’on place en regard des chiffres que j’ai déjà cités les moyennes suivantes : pour la première division appartenant au grand-amiral 75 tonneaux et 24 hommes ; pour celle de sir Francis Drake 160 tonneaux et 73 hommes ; pour les navires fournis par la Cité de Londres 161 tonneaux et 72 hommes ; pour les trois divisions de caboteurs et de volontaires 96 tonneaux et 48 hommes. Les escadrilles que les Grecs opposèrent dans la guerre de 1821 à 1828 aux escadres ottomanes pourraient seules être assimilées à cette flottille marchande. On y rencontrait, à côté de galions de 200 et 300 tonneaux, des barques qui en jaugeaient à peine 30, 40 ou 50.