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cette recherche de détails qui fait l’intérêt des sceaux des XIIe, XIIIe et XIVe siècles. L’art tourne ailleurs son activité et ses préférences. On a sans doute encore de bons graveurs sur métal, mais la race des orfèvres du moyen âge s’est éteinte. Ces orfèvres, comme le remarque M. G. Demay, montrent en germe dans leurs œuvres les qualités que nous admirons chez les orfèvres italiens venus après eux. Ils étaient maîtres de toutes les branches de leur art ; ils dessinaient, composaient, étaient fondeurs, ciseleurs, repousseurs ; ils gravaient avec un rare talent les sceaux, dépourvus pourtant de toutes les ressources que nous possédons aujourd’hui, ignorant l’emploi du balancier, ne taillant pas leur modèle en relief d’après une maquette sculptée, mais étant réduits à graver en creux d’après un dessin de leur invention, ou que leur avait fourni quelque enlumineur en renom. Les orfèvres du moyen âge qui s’intitulaient modestement tailleurs de sceaux, c’est à peine si nous pouvons retrouver leurs noms, car ils n’ont pas songé à signer leurs ouvrages, que nous allons chercher au fond de ces coffres ou layettes renfermant les chartes, et dont les cartons prennent actuellement la place, sur les rayons des greffes des tribunaux, dans les études des notaires où le temps les a rongés. Tandis que la glyptique sigillaire périclitait, l’usage de l’écriture chassait peu à peu l’emploi de ces images empreintes sur le métal ou la cire. On n’exigeait plus l’attestation ou le concours d’une foule de témoins qui venaient suspendre à l’acte leur cachet. Aux XVIe et XVIIe siècles, les sceaux pendans ne sont plus d’un emploi aussi général ; on en revient aux sceaux plaqués. La matrice est appliquée sur un papier sous lequel on a préalablement glissé un gâteau de cire, afin de soutenir l’empreinte et de le rendre adhérent à l’acte. Le sceau n’est plus que du papier, car c’est ce papier qui reçoit directement l’empreinte. À partir du XVIe siècle le papier se substitue d’ailleurs de plus en plus au parchemin. À côté des actes, des traités et des diplômes encore écrits sur cette dernière matière, apparaissent déjà des édits écrits sur papier, reliés en cahier au dos ou à la dernière page duquel on suspend le sceau par des fils. Ce sceau n’est plus lui-même qu’un accessoire de la signature, comme la cire n’est plus que l’accessoire du papier. Tout homme de quelque éducation va bientôt savoir écrire.

Au XVe siècle, une foule de personnes laïques, même dans une condition médiocre, sont en état de signer leur nom, d’y ajouter au besoin quelque formule consacrée ou quelque terme de politesse, bien que ceux qui peuvent écrire de longues lettres soient encore assez rares. La confection des actes n’en demandait pas davantage ; les notaires, les secrétaires du roi, les greffiers, les scribes de profession, se chargent des longues rédactions ; désormais intéressés et témoins sauront tous signer ou à peu près. Cela suffisait pour diminuer