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très inférieur la copie d’un des chefs-d’œuvre de la peinture grecque.

Cette étude n’est point un catalogue : aussi devons-nous passer rapidement devant une multitude de peintures d’histoire qui mériteraient de longues haltes et de sérieuses descriptions. Il faut parler seulement d’un certain nombre d’œuvres qui sont pour ainsi dire typiques : sur les autres, on ne pourrait guère que se répéter ; mais, parmi celles-ci, combien de compositions originales, combien de figures nobles ou charmantes ! Dircé attachée aux cornes d’un taureau, imitation du groupe de marbre connu sous le nom de Taureau Farnèse ; Briséis enlevée à Achille, composition compliquée et d’un habile agencement ; Ariadne abandonnée, figure d’un profond sentiment de mélancolie qui s’accuse dans l’attitude du corps comme dans l’expression du visage ; Latone et les Niobides, rare modèle de peinture monochrome, peint sur marbre et signé de l’Athénien Alexandre ; un superbe Génie de Minerve se détachant en clair sur fond noir ; un Apollon citarœde d’un ton rouge-brique et d’un dessin dur, à la David ; le Jugement de Pâris, le Bacchus et le Faune, et l’Hermaphrodite, peintures restées en place à Pompéi ; un Narcisse nu, se mirant dans l’eau qui réfléchit son visage ; Thésée, le Centaure et Hippodamie, peinture monochrome sur marbre d’un très beau mouvement ; Satyre embrassant une bacchante, figures admirablement groupées ; Vénus pleurant la mort d’Adônis, œuvre accomplie, malheureusement trop dégradée ; Péronée allaitant son père Cimon dans la prison, composition d’une belle simplicité, — quelle charmante pudeur dans le geste de la femme qui découvre son sein ! — Hercule entouré de bacchantes, peinture magistrale, pleine d’expression et de relief.

Dans les galeries du musée Bourbon, on n’est transporté qu’au Ier siècle de l’ère chrétienne, car toutes les peintures datent de ce temps, — de l’an 1er à l’an 79, — et déjà on peut dire : Les dieux s’en vont. Les grands dieux du polythéisme gréco-romain n’ont pas inspiré les artistes campaniens ; c’étaient les divinités inférieures, les demi-dieux, les héros, qui les séduisaient. Ils ne cherchaient plus ce qui enseigne et ce qui élève ; ils cherchaient ce qui charme et ce qui émeut. Ils avaient abandonné l’Iliade, qui était le livre des maîtres grecs, pour les Métamorphoses d’Ovide ; ils étaient descendus de l’Olympe sur la terre. Leurs types préférés, c’est Narcisse, c’est l’hermaphrodite, c’est Adonis, c’est Ganymède, c’est Omphale, c’est Andromède, ce sont les bacchantes, les nymphes, les néréides, les centauresses, les satyres, les faunes et les amours ; ce sont surtout ces femmes que le peintre antique dont on voit les œuvres dans la salle des Noces aldobrandines, au Vatican, avait représentées : les amantes malheureuses, Didon, Médée, Dircé, Pasiphaé,