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montre Murcie sur un sceau de 1493, où figure un palmier à côté d’un monument fort élevé et au voisinage d’un moulin placé sur un cours d’eau. L’enceinte de Mons sur un sceau de 1245 affecte la forme d’une galère. Quelquefois les détails de la fortification sont fort multipliés, comme sur le sceau représentant une autre ville du Hainaut, Beaumont.

L’un des sceaux topographiques les plus intéressans que l’on puisse citer est assurément celui de Bruges, cette cité si florissante au XIIIe siècle. La ville flamande est figurée par un château crénelé, surmonté d’un toit dont on distingue nettement le mode de construction et auquel on accède par une charpente très élevée. Derrière se voit un autre édifice offrant une toiture analogue. On peut croire qu’on a ici sous les yeux la chapelle du Saint-Sang et l’hôtel de ville de Bruges, près duquel la chapelle actuelle s’élève aujourd’hui. L’escalier qui y mène, et qu’on a naguère restauré, date de 1533. Le sceau est de 1199 ; il y a donc lieu de supposer qu’il nous représente les édifices qu’ont remplacés des constructions plus modernes ; l’escalier en pierre aura pris la place de cette vieille charpente en bois. Les portes de différentes villes gravées sur les sceaux peuvent donner lieu à une étude intéressante du système de construction au moyen âge. Je viens de mentionner l’image d’anciens ponts ; ce ne sont pas les seuls que nous fournissent les sceaux. Ces représentations sont d’autant plus intéressantes que les ponts existant aux XIIIe et XIVe siècles ont presque partout disparu. Sur le sceau qui représente Cahors en 1309, on voit un pont à six arches. Celui de Tudèle en Navarre en a quatre, et le sceau où il apparaît nous le montre avec tous ses détails, son tablier, ses éperons surmontés de trois tours couronnées, comme le pont lui-même, d’ornemens ressemblant à des fers de lance. Le pont qui a valu son nom à une autre ville de Navarre, Puente de la Reyna, est à dos d’âne, comme celui qu’on observe sur le sceau de Stirling en Écosse ; les arches sont en ogive ; il porte trois tours et repose sur des piliers très minces et d’une construction assez originale. Les châteaux-forts, les manoirs féodaux, se rencontrent plus souvent encore que les vues générales de villes sur les monumens sigillographiques, et l’énumération en serait longue. Ici c’est le château de Valenciennes figuré au revers d’un sceau de 1296 dont le droit représente en abrégé la ville. Il est surmonté de la bannière au lion entre un soleil et un croissant. Les détails de la fortification sont des plus curieux. Là, sur un sceau de 1374, c’est celui de Dordrecht, reconnaissable à son donjon. Sur un autre, c’est le fameux château d’Édimbourg, tel qu’il était avant la réforme, quand la ville avait encore saint Gilles pour patron. Les châteaux de Stirling, de Beaumont-sur-Oise, de Saint-Sébastien et de Santander en Espagne,