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fidèlement l’orientation, de supprimer bien des détails, mais l’ensemble ne nous en donne pas moins une idée complète de la ville telle qu’elle existait jadis. Ainsi sur le revers du grand sceau de Humbert II, dauphin de Viennois, appendu à une charte de l’an 1343, on a figuré la ville de Vienne en Dauphiné. Des maisons, des châteaux, des églises s’élèvent dans l’enceinte de murailles crénelées, flanquées de hautes tours. Comme dans tous les sceaux représentant un sujet analogue, la porte principale de la ville fait face aux regards. Cette porte, sur le sceau en question, est pourvue d’une herse, comme celle qui se voit sur le sceau de Tournay, et est défendue par deux tours, qui l’encadrent. À gauche est le pont jeté sur le Rhône ; en exergue, on lit le mot Viena. La vue de Lyon, que nous offrent deux autres sceaux, n’est pas moins curieuse. Sur l’un, qui est de 1271, un pont à six arches, visiblement le pont du Rhône, est représenté avec une croix s’élevant à son milieu, et au cœur de laquelle est une fleur de lis. Des groupes de maisons et divers édifices sont disposés en amphithéâtre de chaque côté du pont. Les deux quartiers principaux de la ville sont bien indiqués ; Saint-Nizier d’une part et de l’autre Fourvières, dont la montagne domine le tableau. À droite se voit l’une des portes de la vieille cité archiépiscopale, et, du même côté, dans le corps de maçonnerie rattachant le pont à la berge, est figurée une porte plus petite donnant sur un escalier qui descend au fleuve. Le second sceau, daté de 1320, présente la même ordonnance ; mais le pont n’a plus que trois arches, ce qui pourrait faire supposer que l’on a là le pont de la Saône, si toutefois ce pont n’est pas un pur symbole destiné à rappeler l’existence d’un pont quelconque, et comme le sont manifestement la fleur de lis et le lion rampant, dont ce même pont est accosté. Il existe une foule d’autres sceaux fournissant des vues pittoresques analogues. Arles est représenté sur un sceau vraisemblablement du XIIIe siècle, mais dans son dessin l’artiste a sacrifié tous les détails pour ne s’attacher qu’au monument principal, qu’il a placé au centre de l’enceinte crénelée et flanquée de tours ; c’est un édifice de forme octogonale, à trois étages de colonnes et ter- miné par un toit aigu. Il appartient aux antiquaires provençaux d’en déterminer le caractère et le nom. Les vagues, qui baignent l’enceinte, figurent le Rhône, sur les bords duquel se trouve l’antique cité. Deux sceaux de la même époque nous offrent une ville voisine, Avignon, représenté avec son pont et son enceinte percée de trois portes. C’est aussi avec son enceinte qu’apparaît Cahors sur un sceau de l’année 1309. Ces enceintes fortifiées sont ce que les sceaux donnant des vues de villes s’attachent surtout à reproduire. Je pourrais signaler leur présence sur un grand nombre d’empreintes sigillographiques. C’est entourée d’une enceinte que se