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la femme mariée, rien qu’à l’ajustement. La veuve est, au XIIIe siècle, coiffée de la guimpe, pièce de linge qui couvre le cou, encadre le visage et enveloppe la tête. La femme mariée a des coiffures moins sévères. Au XVe siècle, nous la voyons par exemple porter ce qu’on appelle le chapeau de fleurs ou d’orfèvrerie, sorte de diadème orné de fleurs et de bijoux. Placé d’abord par-dessus le voile, quand, à la fin du XVe siècle, la mode prévaut chez les dames de natter les cheveux sur les joues en les relevant derrière les oreilles, le chapeau d’orfèvrerie se pose sur la coiffure en cheveux. Manteau souvent doublé de fourrure, ceinture, bijoux et surtout agrafe ou fermail, chaussure, on peut tout observer sur les sceaux des femmes, on saisit les moindres modifications de leur toilette au moyen âge.

Le costume ecclésiastique a subi à la même époque des changemens, moins prononcés, il est vrai, parce que dans l’église les traditions persistent longtemps : les sceaux se prêtent merveilleusement à les étudier, car nous possédons une multitude d’empreintes représentant des évêques, des abbés, des moines, ou dont le sujet est purement religieux. On pourra donc suivre sur les monumens sigillographiques les diverses formes de l’aube, de l’étole, de la chasuble, de la dalmatique, de la mitre, de la crosse. À côté de ces diverses parties du vêtement sacerdotal se placent tous les objets se rapportant au culte et dont les sceaux nous fournissent de nombreux spécimens : calices, encensoirs, lampes d’église, cloches, etc. On rencontre notamment une curieuse variété de croix qui nous en font bien saisir les diverses espèces. Signalons aussi les différentes formes de crucifix, images qui se rattachent à l’iconologie chrétienne, à ces représentations du Christ et de la Vierge, fréquentes sur les sceaux et qu’il est intéressant de comparer avec les représentations de la sculpture et de la peinture. Il n’est pas jusqu’à des reliquaires qui n’aient été figurés sur la cire, et nous citerons particulièrement le sceau de la Sainte-Chapelle de Paris de 1386, où se voient les instrumens de la Passion. De chaque côté du meuble sacré paraissent dans deux niches un roi et une reine agenouillés.

Après l’histoire du costume, c’est sans contredit celle de nos anciens monumens que les types sigillographiques éclairent davantage. Les sceaux rapportes à ce qu’on nomme le type topographique nous offrent l’aspect extérieur d’édifices aujourd’hui pour la plupart détruits ; ils ajoutent conséquemment à l’histoire architectonique des documens importans et des confirmations parfois décisives. Et ce ne sont pas seulement des édifices isolés que les sceaux nous mettent sous les yeux, ce sont des villes entières, dont la cire reproduit l’aspect général, la vue perspective. Sans doute l’artiste a été contraint, pour tout faire tenir dans le champ exigu du sceau, de rapprocher des monumens éloignés, de n’en point reproduire