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sceau Guillaume le Conquérant (1069), Bouchard de Montmorency (1177) et Pierre de Courtenay, comte de Nevers (1184). Dans certaines figures du type équestre, la jupe de dessous descend jusqu’à mi-jambe et même jusqu’aux pieds, qu’elle dépasse quelquefois, en sorte que ce vêtement finit par devenir une véritable robe comparable à la robe des femmes dont on lui donna même les manches, alors d’une longueur démesurée. Les manches flottantes ne tardèrent pas à être abandonnées, mais on conserva la jupe longue. À la fin du XIIe siècle, l’armure de maille, sans doublure, forme le seul vêtement de guerre extérieur. Les manches du haubert, au lieu de s’arrêter au poignet, s’allongent en gantelet et enveloppent la main jusqu’au bout des doigts, qui se trouvent ainsi emprisonnés comme dans une poche.

La coiffe est également de maille. Tantôt elle recouvre une calotte de fer, tantôt elle en est recouverte. La jupe fendue s’arrête aux genoux ; les cuisses, les jambes, les pieds, sont aussi chargés de maille. Un tel vêtement donne quelque peu au chevalier l’apparence d’un pangolin dont la carapace serait de fer, et ce grand haubert qu’il porte mériterait bien le nom d’armadillo, sous lequel les Espagnols connaissent l’édenté. Le grand haubert se mettait par-dessus une sorte de maillot nommé gamboison, habit rembourré et matelassé. On peut voir sur les sceaux nombre de seigneurs ainsi vêtus, par exemple Mathieu de Montmorency (1193), Thibaud III, comte de Champagne (1198), Arthur Ier, duc de Bretagne (1202). À peine a-t-on inventé cette armure de pied en cap, qu’on la recouvre d’une cotte sans manches descendant plus bas qu’elle, retenue à la taille par une ceinture et quelquefois flottante, surtout au XIVe siècle. La jupe de cette cotte ordinairement unie, parfois, à partir de l’an 1225, ornée des armoiries du chevalier, ce qui lui a valu le nom de cotte d’armes, est une sorte de blouse fendue en avant et en arrière. Quand, au commencement du XIVe siècle, l’usage s’introduisit d’attacher l’épée à l’armure, on pratiqua à ce vêtement une ouverture pour le passage de la chaîne. La cotte d’armes fait place au pourpoint, vêtement rembourré, matelassé, qui s’endosse par-dessus la maille du haubert, laquelle devient plus fine et plus serrée pour constituer le haubergeon. C’est l’époque où prévaut l’emploi de la ceinture attachée sur les hanches, dite ceinture de chevalerie. Alors l’armure de corps subit de nouveaux changemens : des rondelles sont appliquées aux genoux ; des plaques de métal protègent le devant de la jambe, et plus tard le dessus du bras, car il importe surtout de mettre à l’abri les membres qui ont besoin d’agir, le bras, pour manier l’épée et la bride, la jambe, pour diriger et éperonner le cheval. D’autre part, le pourpoint gagne graduellement en richesse et en élégance. Les ducs de Bourgogne,