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sous le rapport iconographique. C’est ainsi que M. Douët d’Arcq, dans son savant ouvrage, distingue le type de majesté, le type équestre, le type armoriai, le type personnel aux femmes, le type ecclésiastique, le type légendaire, le type topographique et le type arbitraire. Chacun de ces types nous apporte une nature particulière d’indications dont je dois maintenant parler. Je viens de rappeler les images de nos rois gravées sur les sceaux ; elles apparaissent dans toute leur ampleur et leur dignité sur les sceaux dits de majesté, suivant une expression inscrite sur certains sceaux royaux (sigillum majestatis) et qu’on voit déjà employée de bonne heure. Les sceaux de majesté commencent en France avec Henri Ier, en Allemagne avec l’empereur Henri II, en Angleterre avec Edouard le Confesseur, en Écosse avec Edgard. Le monarque est figuré sur son trône avec les attributs de la souveraineté, et la légende donne son titre et son nom. Le sceau équestre, où le personnage, ainsi que le mot l’indique, est représenté à cheval, est le sceau solennel de la plupart des ducs, des anciens comtes et des chevaliers de haute naissance. Aucune catégorie de types n’est plus instructive pour l’histoire de l’armement, et l’on peut, en rapprochant ces figures des indications que nous fournissent les textes et les autres monumens, reconstruire entièrement la série des transformations que l’armure a subies, car sur le sceau équestre, qui apparaît dès le XIe siècle, le noble se montre avec ses armes de combat ou de chasse. Le plus ancien habillement de guerre que nous rencontrons sur les sceaux est le même qu’on observe sur la célèbre tapisserie de la reine Mathilde à Bayeux. Le chevalier était vêtu au XIe siècle d’une casaque descendant au-dessous du genou. Un capuchon destiné à se rabattre sur la tête la surmontait ; les manches s’arrêtaient aux poignets. Cette tunique, faite de peau ou d’étoffe, était renforcée de plaques ou d’anneaux de métal qui y étaient cousues, ou de bandes ferrées formant treillis. Un tel vêtement s’appelait la broigne. Bientôt on le recouvrit de mailles entrelacées, et c’est ce qui constitua le haubert. La jupe ou jaquette dont il était pourvu s’ouvrait devant et derrière jusqu’au haut des cuisses ; une ceinture la retenait à la taille. Sous le haubert, on mit une tunique plus ample et d’une étoffe plus légère, fendue de la même façon. Tel est le costume que les sceaux donnent aux seigneurs du XIe siècle. Moins usité d’abord que la broigne, parce qu’il était d’une fabrique plus difficile, le haubert ne fut porté que par de grands personnages qui ne regardaient pas à la dépense quand il s’agissait de se protéger au combat ; mais les avantages que l’on reconnut à cette casaque ferrée firent abandonner la broigne vers le milieu du XIIe siècle. Le haubert subit des perfectionnemens graduels et demeura en usage jusqu’au milieu du XIVe siècle. C’est le haubert que portent sur leur