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dans l’entrevue ; il est en or massif, et, à la différence de ceux qu’on rencontre généralement, il n’a pas été frappé ; il a été fondu et ciselé. Les textes du moyen âge mentionnent plusieurs fois des bulles d’argent ; toutefois on n’en connaît guère aujourd’hui ; M. Douët d’Arcq n’en cite qu’un seul existant à cette heure aux Archives nationales, c’est le sceau d’un seigneur navarrais du XIIIe siècle. Les bulles de plomb sont de beaucoup les plus communes ; elles ont été ordinairement préférées aux sceaux de cire dans les contrées méridionales, où cette dernière substance peut aisément se fondre, vu l’élévation de la température. Les souverains pontifes ont fait usage de bulles de plomb depuis le pape Deusdedit (année 614). De pareilles bulles se trouvent appendues aux chartes des empereurs d’Orient, des rois d’Espagne, de Portugal, de Sicile, des doges, des comtes de Toulouse et des hospitaliers.

On comprend que, suivant la matière dont ils étaient faits, les sceaux pussent être différemment attachés aux pièces qu’ils devaient authentiquer. Tantôt on les y suspendait, tantôt on les y plaquait, mais les sceaux métalliques ne pouvaient être que pendans. Les bulles de plomb étaient attachées à des cordelettes de chanvre, à des lanières de cuir, à des fils de soie. Les sceaux en cire furent plaqués ou pendans. On adopta d’abord le premier mode d’attache. On fixait le sceau au bas de l’acte à droite, en pratiquant une incision cruciale au parchemin dont on rabattait les angles, afin que la cire chaude pressée par la matrice pût passer au dos de la pièce, où on la rivait en l’aplatissant. Les Romains avaient déjà fait usage sur leurs papyrus de sceaux plaqués. Les rois mérovingiens et carlovingiens continuèrent à s’en servir, et jusqu’au XIe siècle les Capétiens les préférèrent aux sceaux pendans. Louis VI, le Gros, scella en placard la plupart de ses diplômes. L’emploi des sceaux plaqués se continua jusqu’au XIIe siècle, quand on suspendait déjà les sceaux à bien des chartes. Celles des évêques et des abbés offrent des sceaux plaqués jusqu’à la fin du XIIIe siècle ; toutefois, dans les dernières années du siècle précédent, l’usage de ces sceaux était généralement abandonné. Si on les voit reparaître au XIVe siècle, c’est seulement pour une destination toute spéciale ; ils servent par exemple à clore des lettres missives, à sceller certaines lettres patentes ou des mandats royaux sur les aides. Les sceaux pendans se sont répandus à partir du XIe siècle ; on les attachait habituellement au bord inférieur de l’acte. Louis le Gros est le premier roi de France qui les ait adoptés, mais point habituellement. Sous le règne de son fils Louis VII, ce système d’attache se généralise ; en Angleterre et en Écosse, on le trouve usité antérieurement. Les sceaux appendus tenaient à la