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plusieurs bagues-cachets à inscription de l’époque mérovingienne fabriquées avec le même métal. Les matrices et les anneaux d’argent furent d’abord assez rares. On connaît cependant diverses bagues d’argent à inscription en creux qui sont des temps barbares. Les musulmans, qui ont hérité des Grecs l’usage des bagues à sceller, emploient l’argent de préférence à l’or, mais ils cachettent plus habituellement avec des pierres fines. Seuls les sultans de Constantinople avaient des sceaux en or.

À partir du moyen âge, les matrices ne furent plus guère appliquées sur l’argile, ordinairement mêlée à quelque autre matière destinée à en augmenter la consistance, sur ces terres qu’à raison de leur emploi on appelait bolaires ou sigillées et auxquelles la superstition prêtait, comme aux anneaux, des vertus surnaturelles. On substitua à ces terres la cire ou le métal. La cire, étant de l’usage le plus commode et le plus économique, fut habituellement adoptée : les sceaux en présentent une extrême variété, tant pour la qualité que pour la couleur. Il y a des cires qui se rapprochent de la dureté de la pierre, tandis que certains sceaux sont faits d’une cire presque aussi molle que la cire nouvellement fondue. En général les sceaux des XIIIe et XIVe siècles sont façonnés avec une cire bien moins ductile que celle qu’on employa postérieurement ; aussi se sont-ils beaucoup mieux conservés. Les cires du moyen âge sont au reste d’une tout autre composition que ce qu’on appelle cire d’Espagne, cire ardente. L’usage de cette dernière ne remonte qu’au règne de Louis XIII. L’on se servit d’abord de cire vierge, et c’est avec cette cire, qui a été durcie par la cuisson ou par le temps, que sont fabriqués les sceaux des rois de nos deux premières races. Plus tard, on colora la matière en blanc, comme on le voit déjà par le sceau du roi Robert, La cire rouge était encore d’un emploi rare sous les Carlovingiens, quoique les empereurs byzantins s’en soient servis ; l’usage s’en généralisa en France à partir du règne de Louis VI, le Gros, qui commença de sceller avec la cire de cette couleur.

En Allemagne, Frédéric Barberousse, en Angleterre Guillaume le Roux, l’ont aussi adoptée. Dès la seconde moitié du XIIIe siècle, les cardinaux employaient des sceaux de cire rouge, et l’habitude de sceller avec une telle cire se répandit ensuite chez les prélats et les abbés. Au XVe siècle, à partir, dit-on, du pontificat de Nicolas V, le saint-père imprima sur cire rouge l’anneau désigné sous le nom d’anneau du pêcheur (annulus piscatoris), parce qu’il représentait saint Pierre dans sa barque, et dont l’emploi était réservé pour les lettres appelées brefs. C’est à la fin du XIIe siècle qu’apparaît chez nous la cire verte qu’adoptèrent pour leur sceau certains seigneurs. Philippe-Auguste est regardé comme le premier roi de