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cachets sur les cistes, les vases, les endroits où étaient renfermés les objets qu’ils voulaient soustraire à la curiosité ou à l’improbité d’autrui. Le sceau (sigillum) était empreint sur de l’argile ou de la cire ; de là l’épithète de cerographi donnée parfois aux anneaux à sceller (annuli signatorii).

Les empereurs romains eurent leurs sceaux particuliers qui donnaient à l’acte émané de leur volonté et de leur toute-puissance son authenticité et sa validité. De là l’existence d’un sceau impérial qui pouvait être distinct du cachet privé du prince. Un fonctionnaire spécial et d’un ordre élevé avait la garde du sceau, et était généralement chargé de l’apposer. Il en fut de même à Constantinople, à la cour des empereurs d’Orient. Ainsi qu’une foule d’anciennes observances, d’antiques coutumes, l’usage des sceaux passa des Romains aux barbares, en même temps qu’il était adopté par l’église. Les papes et les rois goths et francs scellèrent leurs ordres et leurs lettres, comme le faisaient les empereurs d’Occident et d’Orient. Les dépositaires de l’autorité souveraine politique ou religieuse ne se contentaient pas de signer ; pour donner à leur signature plus d’authenticité, pour aider à la reconnaître, ils joignirent l’empreinte de leur sceau à la souscription de leur nom, formalité d’autant plus utile que souvent leur signature n’était pas autographe. Un secrétaire ou notaire signait pour eux[1], ou, ce qui arriva de bonne heure en France, le monogramme du roi remplaça le tracé complet de son nom. Ce monogramme est l’assemblage de plusieurs lettres conjointes et entrelacées de façon à ne former qu’un seul caractère dont les élémens sont fournis par tout ou partie des lettres composant le nom. Il ne faut même pas dans les chartes s’en fier à la formule manu propria firmare qu’on voit fréquemment employée à partir du commencement du XIe siècle, car sur une foule de pièces il est manifeste que le nom du prétendu signataire a été écrit de la même main que le corps de l’acte : aussi les diplomatistes ont-ils entendu cette formule d’une simple confirmation par attouchement. Afin d’ajouter à la garantie que donnait l’apposition du sceau, on énonçait généralement cette apposition dans l’acte ; c’est une formalité à laquelle les diplômes de l’époque carlovingienne ne manquent jamais, mais qui a été souvent omise sous les Mérovingiens.

Les rois barbares imitèrent si complètement les Grecs et les Romains dans l’emploi du sceau, qu’ils adoptèrent les mêmes pierres gravées dont ceux-ci se servaient, sans doute parce que leurs ouvriers manquaient de l’adresse nécessaire pour exécuter des matrices.

  1. Toutefois les mis mérovingiens souscrivaient ordinairement les actes de leur main en faisant précéder leur nom d’une invocation ou d’une croix. On conserve aux Archives nationales la signature de Dagobert Ier sur un acte de l’an 628 environ. Les référendaires contre-signaient les diplômes.