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leur nom, ont de nouveau reporté leur attention vers les emprunts d’état. Le royaume de Naples, l’Espagne, l’Autriche, furent les premiers à attirer la spéculation des banquiers et prirent une part énorme des économies du public ; la Russie, la Belgique, la Hollande, vinrent ensuite, puis les gouvernemens orientaux ; tout dernièrement enfin le capital français passa l’Atlantique pour pénétrer jusqu’aux territoires de l’Amérique méridionale, au Mexique et au Pérou.

De cette longue odyssée, dont les résultats ne furent pas également heureux, un seul trait reste à noter, c’est la méthode universellement suivie. Quelques acheteurs plus ou moins hardis, plus ou moins puissans, créent les premières relations : dans les pays où l’argent se prête à gros intérêts, ils emploient leurs capitaux avec une facilité merveilleuse et un grand profit. Leur exemple aidant, d’autres parties prenantes se proposent, c’est l’ère des syndicats ; enfin il faut bien s’adresser à celui qui est plus riche que Crésus et a plus d’esprit que Voltaire, c’est-à-dire au public, auquel les nouvelles valeurs sont encore offertes à un taux bien autrement avantageux que les titres sur lesquels il portait précédemment ses préférences.

Dans cette seconde période, on a vu, comme sous la première, — alors qu’il s’agissait de la construction de nos chemins de fer, — de nombreuses sociétés de crédit se former, dont le but a été cette fois de diriger les efforts de l’association vers les combinaisons financières avec les états étrangers. Depuis la guerre de Prusse, notre cote de la Bourse de Paris contient les noms de sociétés nouvelles qui offrent bien ce caractère. La première, la Banque de Paris et des Pays-Bas, avait été à son origine la consécration d’un syndicat de banquiers très expérimentés et très puissans, dont les relations s’étendaient partout, et principalement en Espagne, en Turquie et en Égypte. Après le succès de la Banque de Paris, on a vu surgir les banques franco-austro-hongroise, franco-égyptienne, franco-hollandaise, française et italienne, la banque de l’union franco-belge, qui sont venues se mettre à la suite de la banque ottomane, de la Société générale de crédit ottoman, etc., pour former un réseau d’associations qu’on pourrait appeler le second, alors que toutes les sociétés de crédit mobilier et foncier françaises et étrangères, déjà cotées à Paris, formaient le premier réseau. Sans aucun doute, de même que les aînées, dont la création des chemins de fer fut le principal objet, ne s’interdisaient aucune autre opération financière, les cadettes, fondées pour l’émission des emprunts d’état, ne se sont refusées à aucune immixtion dans les entreprises industrielles et autres. Il n’en est pas moins vrai que cette éclosion si rapide d’établissemens spéciaux, bien moins nombreux toutefois que ceux dont l’Allemagne