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tout le commerce du sud-ouest de la Chine. En tout cas, il n’y a pas de temps à perdre pour exploiter cette route par caravanes régulières et s’assurer l’amitié des chefs des différentes tribus kakhyennes qui occupent cet intervalle… » Il ajoute que ces contrées offriraient un grand intérêt au point de vue de l’étude des langues, des mœurs, des races et de l’ethnologie en général. Il ne faut pas s’inquiéter outre mesure de l’insurrection musulmane au Yunnan. Les panthays ou mahométans de ces contrées paraissent aujourd’hui réduits, et, eussent-ils maintenu leur autorité, ils se seraient montrés favorables à l’ouverture de relations commerciales du côté de l’Irawady. À l’heure qu’il est, on peut prévoir pour Rangoon un très grand avenir, et il serait à souhaiter que les capitaux français arrivassent à temps pour avoir leur part dans les énormes bénéfices que le commerce est appelé à faire dans ces contrées.

La grande route commerciale de la Haute-Birmanie est donc le cours de l’Irawady, menant par bateaux à vapeur les produits de l’intérieur jusqu’à Rangoon, et réciproquement. Le mouvement d’exportation dans l’année commerciale 1872-1873 s’est chiffré par une somme de 29,776,800 francs, supérieure à la valeur des exportations de l’année précédente de 2,156,000 francs. Les principaux articles d’exportation sont les suivans : les objets classés sous le titre vague d’objets divers, qui figurent pour près de 12 millions, puis les cotons bruts, les huiles de sézame, les soieries, les sucres et mélasses, le cachou, les bois de teck et autres, les huiles de pétrole, les thés secs ou er. briques, les pièces de coton, les peaux, les objets en laque, les gommes laques, les graminées, les poneys, les blés, les pierres de jade, les pierres précieuses diverses, les métaux et le tabac. Le mouvement d’importation dans la même année a été de 33,302,300 francs, somme supérieure à celle de l’année précédente de 2,923,600 francs. Les articles d’importation sont les cotonnades, les articles divers, les soieries, les poissons secs et salés, les soies grèges, les riz, le sel, la noix de bétel, les laines, la quincaillerie et les fils de laine ou de coton. La douane anglaise à Thaiet-myo, c’est-à-dire à la frontière de la Haute-Birmanie sur l’Irawady, est un bon thermomètre du mouvement commercial qui existe sur ce fleuve entre la Haute et la Basse-Birmanie. Il suffira de dire que dans l’année commerciale 1872-1873 les droits perçus se sont élevés à 4,320,500 francs ; ils vont tous les ans en augmentant : dans l’année 1868-1869, ils n’étaient encore que de 525,000 francs. La valeur totale du commerce en Birmanie anglaise s’est élevée, dans l’année 1872-1873, à la somme de 330,500,000 francs, dépassant de 61 millions l’année précédente.