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un intérêt de près de 12 pour 100. Nous ne le faisons figurer dans le total de la dette extérieure que pour la partie prise ferme par les contractans, soit 42 pour 100 ; le surplus, 58 pour 100, pris seulement à option, ne sera pas émis : le solde des titres non placés a été rendu au gouvernement. Il s’agissait d’un emprunt nominal de 695 millions de francs devant en produire 375, et dont 157 1/2 seulement ont été souscrits. Une dernière opération est conclue et arrêtée, l’émission publique a lieu au moment où nous écrivons, mais pour une partie seulement ; elle aura peut-être pour résultat de modifier entièrement le type et les conditions des dettes extérieures de la Turquie en substituant aux anciennes obligations amortissables à court terme de la rente 5 pour 100 non remboursable et en faisant précéder cette émission de la réforme complète de l’administration financière. L’ensemble de la dette intérieure et extérieure, moins l’emprunt nouveau dont il s’agit en ce moment et qui serait de 1 milliard nominal, représentait jusqu’ici 4 milliards 4 millions de dette nominale sur lesquels la Turquie n’a reçu réellement que 2 milliards 429 millions. Il en restait 3 milliards 4165 millions à rembourser en 1873.

Les dix-sept emprunts anciens qui composent la dette consolidée intérieure et extérieure de la Turquie n’en constituent pas tous les engagemens. C’est ainsi que des hommes au courant des affaires ottomanes soutiennent qu’il existe encore pour quelques centaines de millions de ces seimés ou bons à l’usage des seuls musulmans, dont la conversion a été comprise dans la création de la dette générale intérieure de 1865. Enfin, à l’intérieur comme à l’extérieur, se renouvelle toujours une dette flottante qui atteint un chiffre considérable. Un rapport du ministre des finances du mois de février 1872 portait à 223 millions la dette flottante proprement dite (emprunts à courts termes), et à 73 millions les obligations en souffrance, — dépenses intérieures, appointemens des employés, solde des troupes, non payés. C’est pour éteindre cette dette qu’avait été émis à Londres l’emprunt 9 pour 100 dit des vilayets ; mais les découverts de 1872 et de 1873 sont venus s’ajouter à la dette flottante existant en février 1872, et l’on suppose généralement qu’aujourd’hui avec le déficit de l’exercice courant elle ne peut guère être moindre de 500 millions, ou de 400, si l’on en retranche deux annuités payées pour l’amortissement des anciennes dettes.

Ce chiffre toutefois n’est pas celui que donne la commission extraordinaire chargée en février dernier de contrôler le budget de 1874, et composée de hauts fonctionnaires de l’état et des représentans des principaux établissemens de crédit de Constantinople. D’après la commission, la dette flottante ne s’élevait à cette date qu’à 340 millions