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de 300,000 bons de 500 francs rapportant 30 francs, souscrits à 415 francs, qui devaient être et qui ont été remboursés en cinq ans ; le second négocia sur le prix d’émission de 315 francs des obligations de même nature pour un capital nominal de 555 millions 1/2, mais remboursables en trente-trois ans, garanties par le revenu de dîmes diverses et l’excédant de la taxe des moutons.

Toutes ces opérations d’emprunts à l’étranger n’avaient eu qu’un seul objet apparent, les déficits du trésor. En 1870, une nouvelle voie fut ouverte ; il s’agissait d’emprunter pour se livrer à des dépenses fructueuses : on voulait relier Constantinople aux autres états européens par des chemins de fer. La construction des chemins de Roumélie fut décidée ; on créa des obligations rapportant 12 francs pour un capital nominal de 400 francs, remboursables en cent cinq ans, participant à des tirages de lots dont les plus importans étaient de 600,000 francs. Une première série de lots fut émise en 1870 sur le cours de 180 francs et une seconde en 1872 sur celui de 170 francs. La première émission avait eu un grand succès, il n’en fut pas de même de la seconde ; ces valeurs à lots ne sont cotées ni à la Bourse de Paris ni à celle de Londres, l’empire d’Allemagne leur a récemment fermé l’accès de ses frontières. Les lots turcs, malgré la garantie du gouvernement, l’appât des tirages au sort, celui d’un remboursement plus de deux fois supérieur, sont tombés un moment au-dessous de 100 francs, mais ont regagné une partie de leur valeur depuis la hausse récente de tous les titres turcs.

Le besoin de construire des chemins de fer en Asie aussi bien qu’en Europe fit naître en 1873 la pensée de contracter un emprunt spécial pour cet objet, garanti par les chemins de fer eux-mêmes ; il devait s’élever à 1,250 millions de francs. Deux des plus importans établissemens qui se sont créés depuis quelques années en vue des affaires turques ont pris à l’avance une part ferme de 75 millions de cet emprunt à un taux qui paraissait avantageux ; le désarroi survenu peu de temps après dans les valeurs ottomanes a fait ajourner la suite de cette opération, qui devait être répartie en cinq années successives et dont la première partie prise ferme était payable par à-comptes mensuels ; depuis le mois d’octobre 1873, les contractans ont cessé tout versement, et le prêt reste à l’état de contrat particulier avec le gouvernement ; il ne figure pas sur la liste des emprunts extérieurs, qui se clôt par un emprunt de 278 millions d’obligations à 9 pour 100 remboursables en trois ans à partir de 1876, avec la garantie du revenu des vilayets du Danube, d’Andrinople et de Salonique, enfin par l’emprunt de 1873 émis en obligations 6 pour 100, qui, au taux de l’émission à 54 francs, représente