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hybrides, la fécondité est ordinaire chez d’autres ; elle peut persister pendant quelques générations. Ces divers degrés étant reconnus, aucun naturaliste ne voudrait probablement affirmer que la faculté procréatrice ne peut durer indéfiniment dans la descendance d’hybrides d’espèces extrêmement voisines. La question reste indécise à l’égard des mammifères du genre chien. Si les investigations ultérieures apportent la preuve d’une fécondité sans limites dans la suite des générations de certains animaux issus de parens d’espèces distinctes, la stérilité amenant la disparition plus ou moins prompte des hybrides n’en restera pas moins le fait qui domine d’une manière presque exclusive dans la nature. M. Darwin lui-même se rend à l’évidence ; « les hybrides, dit-il, sont généralement, mais non pas universellement stériles ; la stérilité est de tous les degrés. »

Parmi les oiseaux, les exemples d’hybridité sont fort nombreux, ils sont aussi très concluans. Tous les faisans produisent ensemble, et les faisans avec notre espèce galline domestique. Le coq avec la pintade et même la pintade avec le paon ont donné des hybrides ; quelques espèces de perdrix, de tétras et du genre hocco, propre à l’Amérique, paraissent avoir aisément des unions fécondes ; il en est de même pour les colombes et les pigeons. Les croisemens de plusieurs sortes de moineaux, le canari avec le tarin, la linotte, le chardonneret, le pinson, le verdier, même avec le bruant et le bouvreuil, ont été fréquemment observés. Les hybrides de canards et d’oies d’espèces différentes, du cygne noir avec le cygne domestique, ont été plus d’une fois signalés ; Frédéric Cuvier a parlé d’un produit du cygne sauvage et de l’oie domestique. Des naturalistes se sont émerveillés de voir des unions fécondes entre des oiseaux de divers genres ; à ce sujet, il est utile de rappeler que dans cette classe du règne animal les distinctions génériques ont été souvent établies entre des types remarquables, il est vrai, sous le rapport des particularités du plumage, mais très semblables par l’ensemble de la conformation. Les oiseaux hybrides plus ou moins communs dans les ménageries et les volières sont presque toujours stériles, et c’est un enseignement dont il faut tenir grand compte. La fécondité est rare chez ces êtres issus de parens d’espèces différentes ; il est certain que jamais on ne la vit persister durant une longue suite de générations. Un seul auteur cite une famille de linots-serins dont il obtint trois générations. Les hybrides du coq et du faisan ou du faisan et de la poule, connus sous le nom de coquarts, ont été très multipliés ; ces oiseaux, rapportent les observateurs, ne pondent que des œufs clairs.

Chez les poissons, la possibilité de féconder les œufs d’une espèce