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inconvéniens, le Cap est une station que sa situation géographique désigne naturellement comme l’une des meilleures pour l’étude du ciel austral, sans compter que les besoins de la navigation réclamaient l’entretien d’un observatoire dans ces parages. Toutefois c’est seulement en 1820 que l’amirauté anglaise décida la fondation de l’observatoire du Cap, qui devait être construit sur le modèle de celui de Greenwich. Le premier directeur fut le révérend Fearon Fallows, qui put commencer les observations régulières en 1829 ; mais bientôt, resté seul par suite du départ de son assistant, il dut se faire aider par sa femme, qui observait au cercle mural pendant que lui-même utilisait l’instrument des passages. Fallows mourut en 1831 et fut remplacé par Henderson, à qui succéda en 1834 sir Thomas Maclear. Mieux pourvu d’instrumens et de personnel que ses prédécesseurs, M. Maclear reprit tout d’abord les opérations géodésiques de La Caille, et mesura à nouveau, avec les moyens dont dispose aujourd’hui la science, un arc du méridien plus étendu que le premier ; parmi les autres travaux de l’établissement, il faut notamment citer de nombreuses observations de comètes. M. Maclear a résigné ses fonctions en 1870, et il a été remplacé par un astronome de Greenwich, M. Stone. Il faut dire ici qu’en dehors de l’observatoire royal sir John Herschel a dressé, de 1833 à 1838, au cap de Bonne-Espérance, son célèbre inventaire de nébuleuses et d’étoiles doubles du ciel austral, à l’aide d’un télescope et d’un équatorial qu’il avait apportés avec lui.

Depuis le séjour de l’abbé de La Caille au cap de Bonne-Espérance, aucune tentative sérieuse n’avait été faite pour ajouter à nos connaissances sur la moitié australe du ciel, lorsqu’en 1821 sir Thomas Brisbane, alors gouverneur de la colonie de la Nouvelle-Galles du Sud, résolut de combler cette lacune à ses frais. Il fonda trois observatoires : l’un à Makerstown, où M. Allan Brown, qui est devenu depuis astronome du rajah de Travancore, commença une série d’observations magnétiques et météorologiques, les deux autres à Brisbane et à Paramatta, dans le voisinage de Sydney. De ces deux derniers, celui de Paramatta fut seul utilisé ; les astronomes Rumker et Dunlop y formèrent de précieux catalogues d’étoiles pour la plupart invisibles dans notre hémisphère. Délaissé après la mort de Dunlop, cet établissement fut supprimé en 1855 et remplacé par l’observatoire de Sydney, que le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud fit construire à ses frais pour donner satisfaction aux réclamations des marins, qui ne trouvaient plus dans ces parages les moyens de régler leurs chronomètres. Déjà, deux ans auparavant, l’accroissement rapide de la navigation entre l’Europe et l’Australie par suite de la découverte des mines d’or avait amené le gouvernement de la colonie de Victoria à créer un observatoire à Melbourne, qui ne tarda pas, sous l’intelligente direction de M. Ellery, à prendre rang parmi les établissemens les plus actifs. Melbourne possède