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que l’élève pût en le quittant se mettre promptement en état de prendre des grades universitaires, et en introduisant dans l’enseignement classique assez d’élémens scientifiques pour que les élèves en le quittant pussent entrer dans la carrière industrielle ou commerciale. C’est ainsi que dans un de nos meilleurs établissemens d’enseignement secondaire spécial, l’École Turgot, les études sont assez étendues pour que ses meilleurs élèves puissent, après une courte préparation, se présenter aux épreuves du baccalauréat, à celles de l’École centrale des arts et manufactures, et même à celles de l’École polytechnique ; mais ce ne sont là que des exceptions : elles servent seulement à prouver que l’on comprend partout le besoin de ne point engager d’avance, par une instruction trop spéciale, l’avenir des jeunes gens. L’enseignement secondaire, celui que reçoit l’enfant de dix à quatorze ans, ne doit être ni spécial ni professionnel. C’est le temps pendant lequel il doit recevoir une éducation générale, développant dans tous les sens ses facultés intellectuelles, éclairant sa raison, formant son cœur. C’est à ce résultat que doivent concourir toutes ses études, en attendant qu’il fasse choix de la profession pour laquelle se seront révélés ses goûts et ses aptitudes.

Dans l’état des choses, les écoles techniques de l’Italie préparent spécialement pour les instituts industriels, et les gymnases pour les lycées. Il faudrait que leurs programmes fussent constitués de telle sorte qu’ils pussent préparer indifféremment pour ces deux ordres d’enseignement supérieur. C’est ce qui a été essayé en Autriche, dans les établissemens nouveaux créés sous le nom de gymnases réels, réunissant l’école technique et le gymnase. Ce n’est donc pas à la sortie des écoles primaires que s’accomplit alors la bifurcation des études : c’est après quatre ans d’études préparatoires, ce qui est bien différent. L’insuffisance des trois années d’enseignement dans les écoles techniques est généralement reconnue, et plusieurs municipalités, celles de Florence, de Venise, de Milan, de Turin, y ont ajouté, sous le titre de cours complémentaire, une quatrième année. Par suite de cette amélioration, les jeunes gens ont pu, à la sortie des écoles et sans avoir besoin de passer par l’institut technique, être assez instruits pour occuper dans le commerce, l’industrie, dans plusieurs administrations, celle des télégraphes par exemple, des emplois assez importans. Ainsi constituées, les écoles techniques ont beaucoup d’analogie avec les collèges d’enseignement secondaire spécial, dont la création n’est pas un des moindres services rendus à l’instruction publique par M. Duruy.

L’identification de l’école technique et du gymnase ne nécessitera pas seulement une réforme de leurs programmes respectifs mis en harmonie, elle exigera l’emploi de méthodes d’enseignement appropriées