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plus grand développement, et ce qui mérite d’être remarqué, c’est un cours d’histoire de la pédagogie, singulièrement propre à faire comprendre aux aspirantes l’importance de l’art dont elles auront à appliquer les principes.

Les rapports des inspecteurs sont unanimes pour reconnaître qu’il y a une grande différence quant à la discipline, l’assiduité au travail et les progrès entre les jeunes gens et les jeunes filles des écoles normales primaires. Malgré les causes d’infériorité qui résultent pour celles-ci de l’âge où elles sont admises, l’insuffisance en certaines provinces de leur instruction primaire incomplète et souvent interrompue, elles étonnent les maîtres par la rapidité de leurs progrès. D’une nature plus patiente, plus docile et mieux ordonnée, elles s’adonnent à l’étude avec un véritable amour. Elles prêtent aux leçons une attention silencieuse, accomplissent avec exactitude et ponctualité les devoirs qui leur sont assignés ; elles lisent avec le désir de s’instruire. Lorsque l’on compare leurs compositions pour les examens de sortie avec celles des jeunes gens, on ne peut, quelque opinion que l’on se forme sur l’éducation des femmes, révoquer en doute leur supériorité. Les examens pour l’obtention des diplômes présentent les mêmes résultats ; elles font pour les obtenir de plus grands efforts. L’enseignement public est en effet pour elles la plus honorable et la plus avantageuse des carrières ; elle leur assure une position flatteuse pour l’amour-propre, et qu’il leur serait difficile de trouver dans tout autre emploi. Les jeunes gens y attachent moins d’importance, d’autres carrières plus lucratives leur sont ouvertes, et très souvent celle de l’enseignement n’est pour eux qu’un pis-aller. D’ailleurs on peut reconnaître que les femmes sont naturellement douées de toutes les aptitudes qui font d’elles les plus parfaites institutrices. Elles ont la douceur, la simplicité, la patience, qui font souvent défaut chez les maîtres. Il est donc probable qu’en Italie, comme aux États-Unis, le nombre des institutrices dépassera de beaucoup celui des instituteurs. C’est à elles qu’appartient de droit l’éducation de l’enfance. Lorsque l’on pense à l’influence qu’exercent sur toute la vie les premières impressions reçues, on ne peut s’empêcher de faire des vœux pour que les enfans ne soient confiés aux soins des hommes qu’après avoir reçu des femmes qui doivent remplacer leurs mères des leçons qui, en passant par leur bouche, arrivent au cœur des jeunes enfans plus douces, plus persuasives, et par cela même plus efficaces. Déjà cette pensée a fait son chemin en Italie, et tout récemment M. de Lucca, assesseur pour l’instruction publique, proposait formellement au conseil communal de Naples de confier exclusivement aux femmes tous les enfans des deux sexes de deux à sept