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impériales et sénatoriales dans l’empire entre les mêmes époques, — dans une troisième, s’il est possible de tracer la ligne des douanes de la Gaule. Pour ce dernier travail, il faudrait d’abord, à ce qu’il semble, expliquer que la douane romaine, percevant sur toutes les marchandises introduites dans ce pays un droit unique s’élevant au quarantième de leur valeur, était désignée sous le nom de quadragesima Galliarum, appellation qui servira peut-être à faire retrouver quelques-uns des points où passait cette frontière fiscale. S’inspirant des nécessités nouvelles que la science épigraphique, créée par Borghesi et si largement développée par MM. Léon Renier, Mommsen, Henzen et de Rossi, impose aujourd’hui à tous ceux qui s’adonnent à ces études, le quatrième groupe a dû par de telles questions appeler l’attention de l’Europe savante sur la révolution, disons mieux, sur l’éclosion de la vraie géographie historique. On ne peut plus se contenter désormais des discussions sur l’emplacement d’Alesia ou du Portus Itius ; le temps est passé où la topographie et les identifications des noms et des lieux anciens avec les noms et les localités modernes défrayaient les ouvrages des Valois, des d’Anville, des Mannert, des Ukert, et naguère encore des Walckenaer et des Forbiger. Il faut rendre la géographie plus vivante et plus instructive ; nous voulons voir la famille gauloise et romaine organisée en société, nous voulons connaître l’ordre politique, civil et religieux qui la régissait, quels magistrats la gouvernaient, comment se répartissaient les différens services administratifs, militaires, religieux et financiers ; nous ne sommes pas moins curieux d’apprendre à quel régime étaient soumises les cités : si Marseille, Lyon, Nîmes et Rennes par exemple avaient reçu la même constitution municipale ou ne possédaient pas au contraire des institutions essentiellement diverses, donnant à chacune d’elles une vie propre et un caractère singulièrement original qu’elles ont perdus dans le système uniforme des temps modernes. Celui qui nous dirait même quelle était la condition des petites gens dans le système municipal de la Gaule romaine, s’ils n’avaient pas leurs corporations, leurs conseils de prud’hommes, leurs collèges ou confréries religieuses, serait, nous le croyons, fort écouté. C’est là qu’est aujourd’hui la science : tout ce qu’on a fait jusqu’à présent n’était que la préparation ou, si l’on veut, l’introduction à la science ; on exige en un mot que la géographie romaine nous éclaire sur le pays qu’on doit étudier, aussi complètement que la géographie contemporaine nous renseigne sur les contrées qu’elle décrit. Si nous ouvrons un manuel pour connaître l’Angleterre ou la Russie, nous y cherchons non i)as seulement les noms des villes, mais bien tous les renseignemens possibles sur l’administration, le culte, les divisions, les services publics, les ressources