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du Danube, le groupe historique demande si les monumens connus sous le nom d’antiquités étrusques n’appartiendraient pas à des peuples d’origines diverses tels que les Pelages, les Ombriens, les Samnites ; puis, rappelant que les textes épigraphiques, relevés surtout dans la région du moyen Danube, non moins qu’un grand nombre de noms géographiques anciens, accusent dans la vaste étendue de pays comprise entre la Forêt-Noire et le Pont-Euxin la prédominance de ces mêmes noms gaulois, depuis la vieille Noviodunum (Isaatcha) près de l’embouchure du Danube, et Durostorum (Silistrie), au sud-est de la Dobrudja, jusqu’à Singidunum (Belgrade) et Vindobona (Vienne), on demande aujourd’hui si les peuples de notre race qui sont venus en Italie avant Brennus et ont donné leur nom à la Gaule cisalpine ne seraient pas venus directement de la vallée danubienne au lieu de sortir des régions du Rhône, de la Loire et de la Seine, comme on le croit communément. On devra donc rechercher si nos pères ne représentent pas le rameau occidental seulement d’une grande race qui aurait dominé dans tout le centre de l’Europe, au milieu des riches plaines du Danube, avant l’arrivée des Germains, et aurait rayonné à la fois vers l’est et vers le midi, c’est-à-dire en Gaule et en Italie. Cette intéressante question en a amené une autre touchant la même région : elle est relative aux Daces, ce peuple dont l’origine est restée mystérieuse et sur la descendance duquel nous ne sommes pas parfaitement fixés. Cependant les Daces nous sont connus par les textes classiques, et la colonne Trajane nous a même rendu leurs traits familiers ; il n’est pas moins assuré que leur langue, dont il ne reste plus que quelques noms géographiques conservés par Ptolémée et par les itinéraires anciens, a été remplacée par le latin, que les légionnaires romains ont répandu dans cette contrée, et qui, insensiblement transformé par les emprunts faits surtout aux langues slaves, est parlé aujourd’hui par les huit millions de Roumains qui peuplent la Moldavie, la Valachie, une partie de la Transylvanie, du Banat et certains districts de la Bulgarie et de la Macédoine, sans qu’il soit cependant permis d’affirmer que les Roumains nous représentent les Daces, et que les Daces soient des Scythes.

Cinq questions relatives à la géographie romaine s’adressent à ceux qui joindront à la pratique des textes grecs et latins des connaissances archéologiques et épigraphiques assez étendues. Il s’agit en effet, dans une de ces questions, d’expliquer ce qu’étaient les onze régions de l’Italie à l’époque d’Auguste, et d’étudier la période de transition qui sépare l’établissement de ces divisions de la création des provinces dans la même péninsule au temps de Dioclétien, — dans une autre, de découvrir l’origine du dédoublement des provinces