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paraître précieux. Nous ne craignons pas d’affirmer qu’on a déjà beaucoup fait depuis quatre ans ; mais on a surtout préparé bon nombre de travaux sérieux qui ne tarderont pas à se produire au grand jour, la vraie méthode d’enseignement a été consciencieusement cherchée, de jeunes professeurs ont appris la géographie en l’enseignant, ce qui n’est pas peut-être une garantie de savoir acquis, cela prouve toutefois l’intérêt qu’ils prennent à leurs leçons, et qu’ils ne peuvent manquer de communiquer à leurs auditeurs. Aussi les examens d’admission à l’école militaire de Saint-Cyr témoignent-ils déjà d’un niveau beaucoup plus élevé ; il en est de même du concours général entre les lycées et les collèges de Paris et des départemens, qui révèle un progrès très sensible dans ces deux dernières années, surtout en 1874. Qui pourrait se persuader à l’étranger qu’au moment où tout le monde en France commence à comprendre l’obligation patriotique d’encourager ces études, au moment où la Société de géographie fonde des prix pour les lauréats de ce même concours général, où elle organise le congrès géographique de 1874 avec l’appui du gouvernement, un des derniers ministres de l’instruction publique s’est avisé de supprimer pour deux classes de nos lycées, dans les compositions du concours général, ce précieux élément d’émulation qui avait déjà donné de si heureux résultats ?

L’intérêt toujours croissant qui se manifeste chez nous pour ces études a inspiré à la Société de géographie de Paris l’idée de réunir un congrès des sciences géographiques en y conviant le monde savant. Il est permis de dire qu’on n’a ni trop présumé de nos forces, ni exagéré les progrès accomplis depuis quatre ans, en décidant que Paris serait au printemps de l’année prochaine le lieu de réunion de ce congrès européen. En passant en revue les divers groupes scientifiques qui se sont formés dans le sein de la Société de géographie pour préparer un programme de questions à soumettre aux discussions du congrès futur, sans nous exagérer d’ailleurs l’importance des résultats qu’on peut attendre en général de ces sortes de réunions, nous aurons du moins un cadre tout tracé pour exposer l’état de la science géographique en France et à l’étranger dans chacune de ces branches d’études.


II.

On se rappelle sans doute qu’un premier congrès international pour le progrès des sciences géographiques avait eu lieu à Anvers le 22 août 1871. C’était un essai tenté dans des circonstances singulièrement défavorables, pour la France du moins, et même