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des délais qu’on leur accordait toujours, et finalement, avec cette facilité que les Français ont à pardonner, on leur en faisait la remise. Le séquestre au contraire vient de recevoir une application dont les populations indigènes garderont longtemps un douloureux souvenir. Elles savent ce qu’il leur coûte, soit qu’elles aient été réellement dépossédées de leurs terres, soit qu’elles aient obtenu de les racheter, et il est vraisemblable qu’elles y regarderont désormais à deux fois avant de s’exposer à de semblables rigueurs. On n’y recourrait d’ailleurs que dans les cas d’absolue nécessité, et avec une circonspection extrême, lorsque les constatations de l’autorité compétente ne laisseraient plus subsister aucun doute sur l’opportunité et la justice de cette peine. Il convient de dire aussi que la procédure du séquestre dure deux ans, et qu’elle entoure les intéressés de toutes les garanties dont la gravité et la sévérité exceptionnelles de la mesure faisaient un devoir étroit au législateur.

L’assemblée nationale, dans les derniers jours de sa session, a adopté le projet de loi du gouvernement amendé dans ce sens par sa commission,


CH. ROUSSEL.


I. Correspondance de George Couthon et de Rabusson-Lamothe, publiée par M. Francisque Mège, 2 vol. in-8o; Aubry. — II. Recherches historiques sur les Girondins. Vergniaud, manuscrits, lettres et papiers, publiés par M. Vatel, 2 vol. in-8o; Dumoulin.


Ce n’est pas seulement aux historiens, c’est aux psychologues que l’époque révolutionnaire offrira un vaste champ d’expériences quand les informations de détail et les documens biographiques auront été recueillis en quantité suffisante. Comment cette société française de la fin du XVIIIe siècle, celle que Robert Walpole a décrite, élégante, aimable, légère, a-t-elle pu passer si rapidement à l’exaltation et à l’âpreté des années suivantes? Quelles semences l’éducation nationale avait-elle déposées dans les esprits? Jusqu’où faut-il remonter dans l’histoire intime de cette société pour rencontrer les vraies origines d’une si profonde transformation morale? Mais surtout quelles voies secrètes les passions se sont-elles creusées dans les âmes? Comment les unes se sont-elles élevées aux inspirations du plus noble patriotisme, aux merveilles des plus généreux dévoûmens? Comment d’autres ont-elles pu descendre jusqu’à la plus féroce cruauté? Quelle part faut-il faire, dans l’histoire intellectuelle de certains personnages célèbres alors, aux saines prévisions de l’avenir, à l’esprit vraiment politique, aux illusions généreuses, à la pure ambition, ou bien à la sottise, ou encore à la peur? En quelle mesure ces divers mobiles ont-ils fait agir les constitutionnels, les girondins, les jacobins? Combien d’élémens d’ambition égoïste, combien d’atomes de lâcheté vulgaire trouverez-vous dans tel formidable terroriste?