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grandes négociations diplomatiques conduites sous les auspices de la Hollande l’ont été d’une façon supérieure.

Les états-généraux adoptèrent à partir de 1639 le titre de « leurs hautes puissances (hoog mogende). » Ils prenaient rang en Europe après les royaumes et la république de Venise. Quoique l’Espagne eût reconnu l’indépendance des Provinces-Unies au traité de Munster, elle ne voulut jamais, jusqu’en 1729, employer que la désignation de « messieurs les états-généraux. » Les états-généraux recevaient les ministres dans leur salle d’audience et y entendaient leurs communications officielles. L’entrée des ambassadeurs à La Haye se faisait en grande cérémonie et avec une étiquette très rigoureuse.

La présidence des états-généraux appartenait à tour de rôle à chaque province pour une semaine, et c’était celui qui tenait le premier rang dans la députation de la province qui occupait le fauteuil. Le président recevait les ministres et les requêtes, mettait les affaires en délibération, recueillait les voix et prononçait les conclusions. Le greffier des états, nommé à vie, remplissait les fonctions de secrétaire. Comme il était le gardien des traditions, son influence était grande. Il lisait la prière à l’ouverture de toutes les séances, un laïque remplissait l’office d’un chapelain; voilà un trait qui marque bien le caractère particulier du calvinisme hollandais, où l’élément civil était mis au niveau de l’élément ecclésiastique.

Les Néerlandais ont été les premiers qui ont fait de la publicité un moyen de gouvernement : ils ont précédé de beaucoup les Anglais en ce point. Les résolutions des états et les autres pièces importantes étaient imprimées et envoyées à toutes les provinces. Il y avait « un imprimeur de leurs hautes puissances » dont tous les employés et ouvriers juraient de garder le secret. C’était la charge la plus lucrative de la république, elle rapportait 25,000 ou 30,000 florins par an. Les affaires étant connues par la distribution des pièces, l’opinion publique se formait, et on parvenait à réunir l’unanimité nécessaire. C’était donc au moyen de la presse et de la publicité qu’on arrivait à parer au principal défaut de la constitution fédérale.

Il n’y avait pas dans les Pays-Bas de chambre haute. Ce n’est qu’en Angleterre que cette institution s’est développée régulièrement; elle ne faisait point partie de l’organisation politique primitive des peuples germaniques. Cependant il existait dans les Provinces-Unies un corps qui aurait pu remplir le rôle du sénat américain, si les circonstances avaient contribué à étendre ses attributions au lieu