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l’heure actuelle à peu près 65 millions[1]; 2 décimes sur le sel rendraient pareille somme. Vu la gravité des circonstances, on eût pu même rétablir sur le sel la tarification de 1813, en se fondant sur ce que, la valeur de l’argent ayant baissé, 4 décimes aujourd’hui ne sont pas un fardeau plus lourd que 3 il y a soixante ans : on aurait eu ainsi 95 millions à peu près sans frais de perception. Par l’aggravation du droit sur les successions en ligne directe, on aurait obtenu aisément 30 millions. Moyennant ces trois additions au budget, il serait versé annuellement au trésor une somme de 160 millions ou même de 190, qui non-seulement parerait à la diminution des recettes causée par les réductions dont il vient d’être parlé, mais encore laisserait disponible une somme très considérable qui manque au budget des dépenses, car ce budget n’est pas en rapport avec la situation du pays ni avec les convenances mêmes du budget des recettes.

Pour que le revenu public se développe davantage, il faut, nous l’avons peut-être répété trop souvent, que le travail national reçoive des facilités dont il reste dépourvu. Nous en avons signalé un certain nombre, parmi lesquelles quelques-unes n’imposeraient pas au trésor des sacrifices importans. Telle serait la révision de quelques articles du tarif des douanes pour rendre plus aisé à nos manufacturiers et à nos agriculteurs le renouvellement de leur outillage. Il s’agirait de la suppression des droits sur les outils, machines, ustensiles et appareils de toute sorte. On pourrait de même à peu de frais rendre un grand service au travail national en augmentant la liste des matières premières exemptes de droits ou très modérément taxées. Le droit sur les filés de coton est excessif et gênant pour plusieurs de nos industries, surtout depuis que nous avons perdu les excellentes filatures de l’Alsace.

Mais il y a des améliorations d’un autre genre qui seraient des bienfaits pour le travail national et en accroîtraient la fécondité, et qui ne peuvent s’obtenir qu’au moyen d’une forte mise de fonds. Ce sont celles qui consistent en travaux publics. Ce sont aussi celles que réclament nos établissemens divers d’instruction publique, fort arriérés par rapport aux besoins de la société en général, des arts utiles en particulier, et fort inférieurs à ce qu’on rencontre dans différens pays dont nous nous plaisons à répéter, dans notre incorrigible vanité, que nous sommes pour le moins les égaux sur tous les points.

En ce qui concerne les travaux publics, il reste beaucoup à faire pour les chemins de fer. La substitution d’un mode d’exploitation plus avantageux à l’agriculture, aux manufactures et au commerce

  1. Savoir, impôt foncier 34,080,000 fr., impôt mobilier 9,560,000 fr., portes et fenêtres 6,806,000 fr., patentes 14 millions.