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la pratique des professions agricoles, manufacturières et commerciales.

Telles sont les règles qui ressortent de la pratique même, des enseignemens historiques les plus incontestables. Il n’est pas nécessaire d’ajouter, tant c’est évident, que, dans les circonstances financières prodigieusement difficiles au milieu desquelles la France se trouva en 1871 quand elle eut constitué un gouvernement légal, et où elle est encore, il était et il reste impossible de se passer d’impôts nouveaux par-delà ceux qui existaient au commencement de 1870. Le contribuable ne pouvait se dispenser de subir des taxes supplémentaires, résultant soit de l’aggravation des anciennes, soit de l’établissement d’impositions additionnelles. Le gouvernement se serait bercé d’un fol espoir, s’il avait cru possible de s’en passer; il eût manqué à son devoir, s’il ne les eût proposées immédiatement; mais en traçant le système financier qui devait faire entrer annuellement, dans le trésor public de la France, sous la forme d’impositions accrues ou sous celle d’impositions nouvelles, les 700 à 800 millions de plus dont il y avait à se pourvoir, il était nécessaire de se pénétrer des règles salutaires rappelées plus haut qui ressortent des leçons avérées de l’histoire. Jusqu’à quel point a-t-on eu cette préoccupation dans les lois fiscales et industrielles votées à partir de 1871 et dans la confection des budgets soit des recettes, soit des dépenses ?

Nous ne ferons qu’indiquer la question de savoir si, au lendemain de la signature de la paix avec la Prusse, on adopta résolument et franchement la politique la plus propre à rendre la sécurité aux intérêts, la confiance aux esprits, et par conséquent à ranimer l’industrie et la production de la richesse dans le pays. Il ne faut pas un long examen de ce qui s’est passé, une longue étude du spectacle qui se déroule sous nos yeux pour justifier une réponse négative. Malheureusement M. Thiers, aux mains duquel l’assemblée nationale réunie à Bordeaux en février 1871 avait confié le gouvernail, ne comprit pas ou cessa de comprendre après très peu de temps, malgré le lugubre enseignement de la commune, les conditions du solide rétablissement de l’ordre public et de la sécurité, si bien que le 24 mai 1873 l’assemblée, fortement émue, substitua au gouvernement de M. Thiers celui du maréchal de Mac-Mahon.

Le premier gouvernement issu de l’assemblée nationale compensa-t-il par la sagesse, l’à-propos et la fécondité de ses mesures économiques et financières la politique par laquelle il semblait rendre des chances au parti révolutionnaire? Ses projets financiers ont-ils été de nature à développer la liberté du travail en général, la liberté des échanges internationaux en particulier? Ont-ils énergiquement