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calibre, de 18 pour la plupart, attelées d’éléphans, et à Calcutta même un certain nombre de ces animaux est gardé en permanence pour manœuvrer les grosses pièces dans Fort-William.

Les pièces auxquelles on attelle des éléphans sont d’ordinaire des pièces de 18; mais on peut leur faire traîner des pièces plus fortes encore. Comme je désirais avoir des renseignemens sur la façon dont ces animaux sont attelés, le colonel Willis eut l’obligeance de m’adresser la photographie d’une pièce avec son attelage d’éléphans; elle lui avait été envoyée par le major Harcourt, qui commande la batterie d’éléphans stationnée à Gwalior. La pièce représentée dans cette photographie est un canon Armstrong de 40. Le poids total du canon, de l’avant-train et de l’attelage tout entier est de 8,100 livres anglaises, soit plus de 4,000 kilogrammes. La pièce est traînée par deux éléphans attelés en flèche, leur mahout sur le cou; tranquilles et sérieux, ils laissent leurs trompes tomber droites jusqu’à terre, comme s’ils voulaient prendre la pose du soldat au commandement de : fixe !

Les services civils n’emploient que quelques centaines d’éléphans, les services militaires un millier, dont le plus grand nombre sert spécialement au train. L’artillerie n’en a besoin que de quelques-uns; aussi les prend-elle de préférence parmi les femelles. Celles-ci sont d’un caractère plus doux que les mâles, et surtout elles ne sont pas sujettes aux frénésies du rut, qui à de certains momens rend l’emploi des mâles plus difficile. La conformation de l’éléphant (il est cryptorchide) ne permet pas de pratiquer sur lui la castration comme sur les autres animaux domestiques. Quand la nature parle trop vivement chez lui, les mahouts lui administrent des potions qui calment son tempérament.

L’éléphant devenu auxiliaire de l’homme au même titre que le cheval, le mulet, le chameau, etc., on devait nécessairement se préoccuper de ses maladies. Un vétérinaire de l’armée anglaise, le docteur Gilchrist, a écrit un ouvrage spécial sur l’histoire et le traitement des maladies de l’éléphant. Cet ouvrage, plusieurs fois réimprimé[1], sert de guide et de manuel aux vétérinaires et aux mahouts. Le docteur Gilchrist a coordonné les mussallas ou remèdes traditionnels des mahouts; il les a amendés, ajoutant des recettes nouvelles, et accompagnant le tout d’une étude anatomique de l’éléphant. Toutes les maladies de l’animal sont l’objet d’une étude spéciale, fièvre, inflammation cérébrale, maladies de la peau, conjonctivites, opacité de la cornée, maladie des poumons, de l’estomac,

  1. J’ai entre les mains l’édition de 1871, publiée sous ce titre : A practical memoir on the history and treatment of the diseases of the éléphant, etc., by William Gilchrist, assistant Surgeon, P. C. D., Honsoor. Calcutta, 1 vol. in-8o avec planches.