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rivière de Gênes, de Naples, de la Sicile, de l’Algérie, toutes ces causes et bien d’autres encore expliquent cet immense développement de l’horticulture, qui met à la portée de tous ce qui n’était jadis que le privilège d’un petit nombre, et fait d’une jouissance autrefois presque égoïste un moyen puissant d’adoucissement des mœurs et de saines distractions.

Avec cet accroissement de richesses, l’idée de les montrer au public, de les exposer, devait se présenter d’elle-même. Les concours de ce genre, d’abord enfermés dans l’étroite enceinte des sociétés, prirent une extension considérable. Ceux de Chiswick, près de Londres, furent depuis plus de quarante ans des fêtes pour le public en même temps que des encouragemens pour les amateurs et les jardiniers; ceux de Gand, d’Anvers, de Bruxelles, de Liège, etc., prirent les proportions de joutes courtoises entre ces cités justement fières de leur vie locale, qu’elles concilient parfaitement avec le patriotisme national. C’est sur cette terre de liberté pondérée, de neutralité politique, dans ce carrefour de l’Europe occidentale, qu’est né naturellement le plan d’un congrès international d’horticulture, comportant, avec une exposition de plantes, des conférences sur tous les sujets de botanique qu’on trouve toujours mêlés aux questions de culture proprement dite.

Organisés, dirigés par une fédération de toutes les sociétés d’horticulture de Belgique, l’exposition et le congrès eurent lieu à Bruxelles en avril 1864. Le succès en fut tel qu’il provoqua de nouvelles réunions, celles d’Amsterdam en 1865, de Londres en 1866, de Paris en 1867 (congrès botanique), de Saint-Pétersbourg au printemps de 1869, de Hambourg à l’automne de la même année; au mois de mai 1874, Florence a renoué la chaîne rompue de ces importantes réunions.

Voilà donc la botanique et l’horticulture ramenées vers leur berceau. Grandies et devenues plus difficiles, ne vont-elles pas craindre de trouver un peu rustique cette terre si naturellement féconde que l’homme néglige parfois d’en forcer la production? Eh bien! non, rassurons-nous, Florence, encore si pleine de son glorieux passé, n’en est pas moins moderne d’esprit et d’allures : elle orne volontiers de fleurs riantes ces vieux palais noirs et massifs qui servirent de forteresses à ses factions, et, toujours fidèle au culte du beau, alors même qu’elle sacrifie à l’utile, c’est dans l’enceinte de sa Halle-Neuve (Mercato Nuovo), construite dans le goût du jour, qu’elle groupe en massifs pittoresques ces belles formes végétales qui constituent partout le fonds des grandes expositions d’horticulture. Pourtant le goût ne suffirait pas pour dissimuler en ce sens une indigence réelle. Excentrique par rapport au reste de l’Europe, Florence