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des affaires, mes constans efforts tendront à encourager et à développer l’adhésion à cette politique.

« Ayez la bonté de faire connaître au roi des Français ma profonde appréciation des témoignages de bienveillance et de confiance que j’ai reçus de sa majesté.

« Chargez-vous pour moi d’une autre commission. Dites à M. Guizot que je quitte le pouvoir avec des sentimens fort confirmés d’estime et de considération pour lui comme avec des vœux d’une entière cordialité pour son succès et pour son bonheur.

« J’envisage avec la plus grande satisfaction les occasions plus fréquentes que ma retraite des affaires me fournira de cultiver l’amitié de bien des personnes, de la société desquelles j’ai été tenu éloigné par un travail incessant, — de nul plus que de vous-même, que j’ai connu dès vos premières années et dont j’ai suivi l’honorable progrès avec le plus sincère plaisir.

« Croyez-moi, mon cher comte de Jarnac, à vous très fidèlement,

« Robert Peel. »


(Traduction.) « Foreign office, 18 décembre 1845.

« Mon cher Jarnac, je vous renvoie la lettre du roi, et je ne puis le faire sans vous adresser et sans vous prier de faire parvenir à sa majesté les témoignages de ma reconnaissance pour sa grande condescendance et sa grande bonté.

« Il serait superflu pour moi de vous reparler de sentimens qui vous sont suffisamment connus, mais j’espère que le roi en demeurera convaincu, en quelque situation que je puisse me trouver, je m’efforcerai toujours, en tant qu’il pourra dépendre de moi, de faire prévaloir cette politique pacifique et amicale que, durant les quatre dernières années, j’ai été si fier et si heureux de maintenir pendant que j’étais au pouvoir.

« Je conserverai toujours un reconnaissant souvenir des bienveillantes paroles du roi pour moi au château d’Eu et en d’autres occasions. Je voudrais pouvoir exprimer en termes suffisans tout ce que je ressens pour sa prospérité personnelle et le bonheur de sa famille, mais les bienséances m’interdisent d’aller plus loin.

« Et maintenant, mon cher Jarnac, vous connaissez bien la sincère considération que j’éprouve depuis longtemps pour vous, et le grand plaisir que j’ai toujours trouvé dans nos relations officielles. Celles-ci doivent désormais cesser, ce qui, je le confesse, est pour moi un sujet de véritable regret, mais j’éprouverais ce sentiment bien plus profondément, si je ne comptais avec assurance sur le maintien de notre intimité et de notre amitié personnelles.

« Croyez-moi, mon cher Jarnac, toujours très sincèrement à vous,

« Aberdeen.

« P. S. J’ai montré la lettre du roi à sir Robert Peel, qui m’a chargé