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étant duc de Chartres, en une visite que sa majesté fit à Londres au feu roi George IV.

« J’ai été frappé de ses talens, ses qualités, ses connaissances, même alors lui étant très jeune, et tout ce que j’ai entendu de son altesse royale depuis m’avait démontré que ses talens étaient de nature à le rendre digne de la position éminente qu’il était destiné à remplir quand le moment pourrait arriver.

« Il a laissé deux princes, l’objet des soins de sa majesté et de l’intérêt et des espérances du monde. Ils ne consoleront pas sa majesté de sa perte, — rien ne le pourrait, — mais ils lui donneront un nouvel intérêt et de nouveaux devoirs que son attachement à la tranquillité et aux intérêts de son pays et du monde lui rendra chers.

« Je vous prie, monsieur le comte, de me croire toujours votre très fidèle serviteur, « Wellington. »

« A M. le comte de Rohan-Chabot. »


III.

Dès son origine, notre « entente cordiale » avec l’Angleterre, à laquelle nul ne s’efforçait plus sincèrement de contribuer que le redoutable homme de guerre qui s’était si souvent mesuré avec la France sur les champs de bataille, fut soumise à de rudes épreuves. Depuis longtemps notre occupation prolongée de l’Algérie, en dépit des promesses que le cabinet anglais avait reçues, affirmait-il, du gouvernement de la restauration, à l’origine des hostilités, excitait la jalousie et le mécontentement de nos voisins. Aussi, quand ils nous virent en 1844 entreprendre une guerre nouvelle contre le Maroc, dans des circonstances analogues et peut-être avec des résultats semblables, une vive irritation éclata dans le parlement et dans le pays. Tandis que nous maintenions avec fermeté, mais dans un esprit de sincère conciliation, le droit incontestable de la France, la querelle survenue entre les agens subalternes des deux pays à Taïti, dont nous avions récemment accepté le protectorat au grand déplaisir d’une portion du public anglais, vint fournir un nouveau stimulant aux passions déjà soulevées. Avec l’imprévoyance qu’il manifestait souvent dans le maniement des questions internationales, sir Robert Peel avait, sur les premières et imparfaites nouvelles, déclaré, au milieu des applaudissemens de la chambre des communes, que, d’après les communications reçues par le gouvernement britannique et dont l’exactitude ne lui semblait pas douteuse, « une grossière insulte accompagnée d’une grossière indignité » avait été infligée au consul anglais, M. Pritchard, et que le gouvernement français ferait sur-le-champ, il n’en doutait point,