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II

Les concessions faites à l’origine par le gouvernement hollandais, premier propriétaire du pays, stipulaient toutes que les minéraux précieux trouvés dans le sol appartenaient à l’état et que le titulaire de la concession recevrait une indemnité en échange du terrain dont il serait évincé, et c’est en vertu de cette loi, favorable au gouvernement, au fermier et au mineur, que toute ferme sur laquelle on découvre une mine est immédiatement mise sous la tutelle directe de l’état. Celui-ci établit une police chargée de percevoir un droit de patente de chaque mineur et de protéger les intérêts de tous ; ce droit de patente est partagé avec le fermier, auquel il constitue un très beau revenu. Chacun ayant le droit de chercher (to prospect), il y a beaucoup de personnes qui parcourent le pays isolément et font des fouilles là où la nature du terrain les invite à tenter fortune. Si au bout de quelques jours ou de quelques semaines, suivant la patience du chercheur, il n’a rien trouvé qui lui fasse espérer un résultat lucratif, il démonte sa tente et va fouiller ailleurs ; autrement il persévère dans son travail. Il arrive alors presque toujours qu’un voyageur quelconque ou un chasseur, apercevant une tente ainsi plantée au milieu de la plaine, s’approche pour voir ce qui s’y passe et, le cas échéant, partager l’aubaine. Le mineur répond invariablement à toutes les demandes qu’il n’a encore rien trouvé ; mais le chasseur, jugeant par la grandeur du trou du temps qu’il a fallu y employer, ne se laisse pas persuader que l’on continue à travailler sans motif dans un endroit stérile. Il prend alors des points de repère, et va chercher à son tour des outils et des amis qui viennent s’installer auprès du premier pionnier. Cette petite colonie naissante, aperçue de même par d’autres voyageurs, attire encore quelques personnes jusqu’au moment où chacun reconnaît qu’il n’y a réellement rien à y faire : alors on se sépare ; mais quand au contraire il arrive à un de ces mineurs de trouver seulement un diamant, le bruit s’en répand avec une rapidité incroyable, et de tous les points de l’horizon l’on voit accourir, se ruer, suivant l’expression anglaise (to rush), des mineurs n’ayant pour tout bagage que des outils, un pain et une gourde d’eau-de-vie. Il va sans dire qu’en même temps arrivent des bouchers, des boulangers et surtout des cantiniers, qui font les bénéfices les plus certains. Ces derniers sont quelquefois les propagateurs de la nouvelle, dont ils savent si bien tirer parti.

Lorsqu’il se découvre un nouveau placer, chaque mineur qui y vient choisit ou plutôt prend au hasard un morceau de terre de 31 pieds carrés, aux quatre coins duquel il enfonce des piquets de