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et seulement applicables au laboratoire, celles de la métallurgie, vieilles comme le monde, et qui demandent avant tout à être simples et peu coûteuses.

L’état de Nevada, auquel l’exploitation des mines d’argent a donné naissance et qu’elle continue à faire prospérer, renferme aujourd’hui environ 60,000 habitans de race blanche et 12,000 Indiens. En dehors des centres miniers et de la capitale, Carson-City, le pays est peu habité, car le sol n’y est guère fertile, et le climat est fort rigoureux, tandis qu’au-delà de la sierra on rencontre la Californie, où l’hiver même est d’une douceur exceptionnelle et le sol d’une étonnante fécondité. Malgré ces points de comparaison qui ne sont pas à son avantage, le Nevada, grâce à la productivité de ses mines, prend une place de plus en plus marquée au milieu des jeunes étoiles de l’Union. Et la cause de toute cette prospérité, que nous avons pris plaisir à rappeler, ce n’est pas seulement parce qu’en 1859 deux mineurs, qui lavaient des sables aurifères près du lac Washoe et de la rivière Carson, ont par hasard découvert le filon d’argent de Comstock ; c’est aussi parce que la législation coloniale américaine est toujours libérale, généreuse, simple, rapide, qu’on l’applique à la constitution d’un territoire, d’une ville ou d’une mine.

Nous connaissons en Algérie des filons métallifères dont la demande en concession est restée longtemps en instance, et que les bureaux ont fini par ne pas concéder, après avoir lassé les demandeurs par une foule de formalités vexatoires. Pourquoi cela, et que craignait-on ? Ce serait véritablement ici le cas d’opposer le dédale des articles sans nombre de notre loi des mines de 1810, édictée à une époque où la grande industrie n’était pas encore née, aux formalités aussi équitables qu’expéditives adoptées dans toutes les pos- sessions américaines. Nous ne voulons pas nous livrer à ce jeu, et faire honte à l’administration française de sa routine, de sa lenteur, de ses exigences ; mais d’une part nous avons la raison du prodigieux essor des établissemens les plus lointains des États-Unis et de leur prospérité jusqu’ici sans pareille, et de l’autre nous trouvons la cause de nos insuccès répétés quand nous avons voulu poursuivre les mêmes tentatives. Ah ! si certaines colonies françaises pouvaient être traitées de la même façon que les territoires du far-west américain !


L. SIMONIN.