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un mille à la ronde. Chaque pilon peut broyer en moyenne 2 tonnes ou 2,000 kilogrammes de minerai par vingt-quatre heures. Le pilon mécanique ou bocard a été inventé dans les mines métalliques d’Allemagne il y a trois siècles, et l’on n’a encore rien trouvé de mieux, pas même les cylindres tournans en acier, imaginés par les Anglais sur le modèle des laminoirs à étirer le fer ou des cylindres à broyer la canne à sucre.

La poussière minérale obtenue sous les pilons est portée dans une cuve en fonte de fer d’environ 4 ou 5 pieds de diamètre et 18 pouces à 2 pieds de profondeur. On y passe de 500 à 1,000 livres de minerai à la fois avec du sel marin, de la pyrite ou du sulfure de fer et du mercure, auxquels on ajoute assez d’eau pour faire de l’ensemble une masse boueuse. Deux meules de fer verticales, qui tournent rapidement dans la cuve autour d’un pivot central, rendent encore plus impalpable la farine de minerai, et unissent intimement toutes ces matières. Ces meules font soixante tours ou révolutions par minute. Dans quelques cas, pour faciliter les réactions chimiques qui s’opèrent, on chauffe le mélange à 90 degrés centigrades au moyen d’un courant de vapeur d’eau qui circule dans un double fond. Telle est la cuve américaine ou pan, qui a détrôné le tonneau allemand et le patio du Mexique, et qui est elle-même un perfectionnement de la meule de pierre roulante ou arastra mexicaine. Elle a été bien des fois modifiée et perfectionnée depuis 1860, où je vis inaugurer les premiers essais dans un atelier de San-Francisco, et les inventeurs Wheeler, Knox, Horn et d’autres ont gagné une fortune dans la construction de ces appareils.

Le tonneau allemand, que l’on pouvait voir en usage en 1867 dans les mines d’argent de Georgetown, au pied des Montagnes-Rocheuses, dans le territoire de Colorado, est aussi employé dans quelques-uns des établissemens de Nevada. On le trouve au moulin de Gould-and-Curry. Dans ce tonneau, on mélange environ 300 livres de minerai finement pulvérisé avec les ingrédiens habituels, l’eau, le sel, le pyrite de fer et le mercure, et l’on fait, au moyen de roues d’engrenage, tourner le tonneau autour de son axe horizontal pendant quatorze heures environ. — Dans le procédé mexicain, le mélange des matières s’opère non plus dans un appareil spécial comme dans les cas précédons, mais à l’air libre, sur une aire ou patio. On y laisse le mélange étendu sur le sol pendant trois semaines, et on le fait piétiner par des couples de mules, comme quand il s’agit de fouler le blé. Ce système, qui convient si bien aux mines du Mexique, puisqu’elles n’en ont jamais adopté d’autre, a été reconnu insuffisant sous le climat de Nevada.

On sait que le mercure a une très grande affinité pour l’argent et quelques-uns des composés de ce métal, notamment le chlorure.