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mesure de télégraphier soit à la Norvège et à la Finlande, soit à la Mer-Noire et à l’Adriatique, soit enfin au littoral de la Méditerranée, d’utiles avertissemens. Sentinelles avancées dans la direction où l’ennemi est attendu, nous jetons le cri d’alarme dont d’autres feront leur profit; mais déjà l’ennemi est sur nous, qui donc nous avertira nous-mêmes de son approche? En attendant qu’on ait résolu la question de savoir s’il est possible de maintenir à une très grande distance au large quelques stationnaires analogues à nos phares flottans et reliés à nos ports par des fils sous-marins, nous en sommes réduits à observer la forme qu’affecte la première isobare observable dans le voisinage de l’Océan, et les mouvemens du baromètre aux grands caps occidentaux de l’Europe. Si l’isobare de 760 par exemple, au moment où la France jouit d’un temps serein, tournait vers l’Atlantique la concavité d’une courbe fortement accusée, on aurait de bonnes raisons de se croire placé sur le bord d’une dépression ; la baisse du baromètre à Valentia, au cap Land’s End ou à la pointe Saint-Matthieu, l’état de la mer, la direction de la houle, confirment le pronostic, et des signaux conventionnels élevés dans les postes sémaphoriques avertissent les populations maritimes de se tenir sur leurs gardes. Ce système d’avertissement aux ports, qui fonctionne depuis plusieurs années en France, et qui avait été interrompu en Angleterre depuis la mort de l’amiral Fitz-Roy, vient d’y être rétabli, à partir du 14 mars dernier, par les soins du Board of trade et du comité météorologique de Londres.

La prévision du temps à courte échéance est donc possible dans beaucoup de cas. L’instrument est trouvé, il est entre les mains des météorologistes, il ne leur reste plus qu’à s’exercer à le manier. Ajoutons que l’examen quotidien des cartes du Bulletin de l’Observatoire, fait par des personnes même étrangères à l’étude spéciale de la météorologie, mais initiées par une étude de quelques jours à l’intelligence des signes employés, les conduirait souvent à formuler elles-mêmes des prévisions à deux ou trois jours de date, et qu’il serait fort à désirer que ce bulletin fût plus répandu dans le public. L’étude de ces cartes peut encore suggérer sur la marche des courans atmosphériques quelques idées nouvelles, conduire à des prévisions à plus longue portée, et ouvrir à la météorologie de plus vastes horizons.


III.

Et d’abord quelle est la cause qui détermine ces mouvemens tournans ? L’analogie qui existe entre ces vortex atmosphériques et ceux que présentent les cours d’eau conduit naturellement à leur assigner une origine à peu près identique. Or on n’a jamais pensé à