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peu à la culture arable, tant à cause de l’imperméabilité du sous-sol que de l’escarpement des ravines. C’est là que poussent, au milieu des chênes, les cerisiers, les pruniers, les noyers, les noisetiers, les arbres à fruits sauvages et les essences des bois du sud. À la montagne appartiennent le hêtre rouge, puis le bouleau, enfin les pins noirs et blancs.

Ce qui manque le plus au Banat, c’est l’eau, l’eau des ruisseaux aménagée et l’eau de pluie, dont la quantité annuelle ne dépasse pas 40 centimètres. Dans l’été, les pâturages se dessèchent, et après les doux hivers, une petite gelée au printemps ou les froides et sèches bourrasques qui pénètrent par les ouvertures des montagnes détruisent souvent la végétation. Ces ouragans et les brusques variations de température rendent nuisible aux habitans le climat, à tous autres égards salubre, du Banat. La fièvre intermittente est le seul mal par lequel il soit en arrière des autres parties de l’empire. Il résulte des rapports des médecins de la compagnie que dans les mines elle figure pour un chiffre qui varie de 23 jusqu’à 37 pour 100, et dans les domaines seulement de 6 à 7 pour 100 sur le nombre des cas de maladie. Il est vrai que l’intempérance des ouvriers mineurs ne contribue pas médiocrement à la propagation du mal. La mortalité des enfans atteint un chiffre très élevé, et la durée de la vie moyenne ne dépasse pas vingt-cinq ans. Il est certain que les ouvriers forestiers vivent plus longtemps que les mineurs ; pour les uns comme pour les autres, les habitudes qui tiennent à la moralité et à l’instruction exercent une grande influence sur la santé ; les conditions de la vie matérielle y ont aussi une grande part : sous tous ces rapports, une administration vigilante doit réaliser de grands progrès. Celle de la société s’exerce, en dehors de l’action du directeur-général et de son directeur central à Vienne, par les soins d’administrateurs spéciaux qui résident dans chacun des districts. De concert avec les fonctionnaires de l’état hongrois, juges, administrateurs politiques des districts, etc., l’administration de la société pourvoit à tous les besoins de la population qui habite son vaste domaine, et qui dépasse 134,000 individus, dont la moitié vit directement de ses salaires et l’autre moitié travaille ou spécule pour faire vivre celle-ci. Près de 32,000 catholiques et plus de 85,000 grecs ou orientaux obéissent à un clergé que nomme et subventionne la société. Les catholiques romains sont Allemands, Krassoveniens ou Slaves, les catholiques grecs ou orientaux sont Roumains et Valaques. Les Allemands descendent des colonies fondées par Marie-Thérèse avec une organisation toute spéciale. Ces colonies ont conservé leurs franchises et leur autonomie ; le Banat leur doit tous ses progrès. Les Krassoveniens sont les fils des catholiques bulgares qui, en 1526, se sont établis à Krasso ou Krassova. Cette partie de la