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les travaux et l’industrie ont renouvelé l’aspect du pays. Nous avons vu combien était peu étendu en 1854 le réseau de chemins de fer : en 1861, il y avait en Autriche 2,885 kilomètres construits, et en Hongrie 1,680; en 1867, au moment de l’établissement du dualisme, on en compte 3,716 dans la Cisleithanie et 2,065 dans la Transleithanie ; en 1872, c’est 9,200 pour la première, 5,000 pour la seconde, soit plus du double. Le total des lignes exploitées et concédées à la fin de 1873 s’élève pour les deux pays à près de 17,000 kilomètres; en six années donc, de 1866 à 1872, l’empire-royaume a ouvert près de 6,000 kilomètres. En France, de 1866 à 1872, nous n’avons progressé que de 14,200 à 17,846 kilomètres exploités; au 30 juin 1873, l’étendue n’est encore chez nous que de 18,374. Il est vrai que nous avons augmenté par de nouvelles révolutions le nombre des changemens à vue qui en un demi-siècle nous ont fait user deux royautés, un empire, deux républiques et deux présidences, tandis qu’en dépit de la guerre étrangère et de la guerre civile la famille de Habsbourg n’a cessé d’être la base de l’édifice social sur les deux rives de la Leitha, ce ruisseau de quelques kilomètres qui sépare nominalement les deux sièges de la royauté autrichienne et hongroise.

La Staats-Bahn ou la Société autrichienne comprenait en 1854 1,100 kilomètres environ : en 1873, l’ensemble de son réseau autrichien et hongrois est de 1,596; c’est une augmentation de 50 pour 100 seulement. Il ne lui a pas été donné, il est vrai, de s’étendre vers des centres plus importans et de desservir de nouvelles contrées : la principale partie de sa tâche a consisté à souder entre elles, à Vienne, les deux parties sud et nord, interrompues autrefois par la ligne de l’empereur Ferdinand, et à rejoindre par des embranchemens spéciaux les usines et les domaines de la société. Elle avait surtout à terminer et à perfectionner les ouvrages de la construction, à mettre son matériel au niveau des besoins de l’exploitation. Le tout constituait une grande dépense, puisque, tant pour le réseau principal que pour le réseau complémentaire, de 200 millions de francs le capital s’est élevé à 275 millions en actions et à 363 millions environ en obligations dites anciennes et nouvelles. La création de titres nouveaux, différens des anciennes obligations, auxquels la garantie de l’état n’était pas attachée, a été décidée en 1870 pour la pose d’une double voie dans les parties où les besoins du trafic le réclament et pour l’établissement du réseau complémentaire; enfin en 1873 la société a émis pour 15 millions de florins d’obligations spéciales destinées à la construction d’un embranchement de la ligne du nord vers Breslau, c’est-à-dire pour joindre par la voie la plus courte Vienne à Berlin et à Stettin sur la Baltique. Ainsi assurée