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ques et archives, 3° des musées et objets d’art, 4° des écoles de dessin, de musique, etc. » Il fut fidèle à ce plan dans la série des rapports qu’il adressa successivement aux divers ministres de l’intérieur et à la commission des monumens historiques.

Ces rapports ont été publiés en 1862 par le ministère d’état impérial, non pas en entier et textuellement, mais dans de longs extraits qui remplissent soixante et dix pages in-quarto. Ils contiennent des renseignemens scrupuleusement recueillis et discutés : 1° sur l’origine et la date des monumens d’architecture, de sculpture et de peinture en France du Xe au XVIe siècle ; 2° sur l’état de ces monumens au XIXe siècle et sur les mesures à prendre pour les conserver ; 3° sur le mode d’exécution des travaux de conservation et de restauration ; 4° sur le classement des monumens et les choix à faire pour procéder à l’œuvre successive de leur entretien. Il faut lire avec soin ces rapports pour reconnaître combien ils sont précis, complets et pratiques. Je n’en veux citer que trois passages où se révèlent la vivacité des sentimens de l’écrivain en présence de ces œuvres de l’art, et le mélange d’admiration tendre et de critique libre qui caractérise ses jugemens.

Il rencontre à Tracy, près de Noyon, une charmante église de village. « Ce petit monument, dit-il, mérite une attention toute particulière ; il est à peu près inconnu, et c’est presque à titre de découverte que j’en parle. On ne peut s’imaginer un travail plus suave et plus hardi, des proportions plus ravissantes. L’ogive s’y montre mais à peine sensible et entourée de ce cortège d’ornemens et de zigzags qui n’accompagnent d’ordinaire que le plein cintre. Il y a d’ailleurs dans l’église des parties purement à plein cintre… Il faut signaler cette petite église comme œuvre de l’art et comme preuve que cette élégante architecture qui, au XIIe siècle, florissait sur les bords du Rhin, avait aussi pénétré en Picardie, et y était cultivée avec plus de finesse peut-être, sinon avec autant de grandiose et de majesté qu’en Normandie. »

« Les monumens de la sculpture, dit ailleurs M. Vitet, sont plus fragiles que ceux de l’architecture… Aussi faut-il s’estimer heureux quand le hasard vous fait découvrir, dans un coin bien abrité et où les coups de marteau n’ont pu atteindre, quelques fragmens du noble et bel art du sculpteur. Ce plaisir, cette bonne fortune, j’en ai joui à Reims. Une partie du portail de la cathédrale exigeant quelques réparations, un échafaudage a été dressé jusqu’à mi-hauteur de la façade. Je suis monté sur cet échafaudage, et dans les enfoncemens des ogives, des festons et autres ornemens architectoniques, j’ai trouvé une profusion de bas-reliefs et de statues dont le style, le caractère et l’expression m’ont causé l’admiration la plus