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fournit 2,965 à juin 1871; novembre va jusqu’à 3,001, qu’on inscrit à juillet. Décembre, qui fut le mois des grands froids et des durs combats, s’arrête pour août à 2,429. Janvier 1871, où l’on souffrit tant, où tout manqua, le pain et l’espérance, tombe au misérable chiffre de 1,729, qui s’inscrit au mois de septembre. Octobre est bien bas encore, on n’y compte que 1,875 naissances; novembre et décembre se relèvent un peu. Pour trouver un chiffre régulier, il faut attendre janvier 1872, qui déclare 4,238 enfans correspondant au mois de mai, pendant lequel tomba la commune. Malgré l’absence de police dans Paris, malgré une liberté dégénérée en licence, la proportion des enfans naturels ne dépasse guère la moyenne ordinaire, car sur les 37,410 naissances on n’en trouve que 9,715 qui soient illégitimes.

Tout enfant doit être déclaré à la mairie de l’arrondissement sur lequel il est né ; la loi accorde un délai de trois jours pour remplir les formalités prescrites. Si on le laisse écouler, un jugement du tribunal de première instance peut seul constituer un état civil régulier pour le petit retardataire; ce cas se produit assez rarement, grâce aux employés qui talonnent l’insouciance des parens. Autrefois l’enfant était apporté à la mairie, escorté de deux témoins qui certifiaient son origine; on a prétendu que cette sorte de promenade était préjudiciable aux nouveau-nés, et maintenant les constatations se font à domicile par un médecin relevant de l’administration municipale. Je crois que l’on a dépassé le but, et que les promoteurs de cette mesure pleine d’humanité ne se sont pas rendu compte des inconvéniens qu’elle comporte, que l’expérience a démontrés et que l’on peut remarquer en étudiant le mode adopté pour la constatation des naissances. Le père d’un enfant nouveau-né vient, accompagné d’un voisin ou d’un ami, faire la déclaration à la mairie; on prend son nom et son adresse, et on le prévient que le médecin délégué ira s’assurer de la réalité du fait et lui remettra un certificat qu’il devra rapporter à l’employé de l’état civil, en ayant soin cette fois d’amener deux témoins avec lui. Le médecin est avisé par une note; il sait que la loi lui accorde un délai de trois jours : il ira donc au domicile indiqué selon l’itinéraire de ses courses, le jour même peut-être, le lendemain sans doute, quelquefois seulement le surlendemain. Sur une formule imprimée, dont il n’a plus à remplir que les blancs et sur laquelle un employé a déjà relaté la date de la naissance, la profession et la demeure du père, il certifie le sexe de l’enfant, écrit le nom de la mère et signe. Ce certificat, qui tient lieu de l’ancienne présentation, est laissé entre les mains du père; celui-ci devra le rapporter à l’employé de l’état civil, qui alors rédigera l’acte de naissance. Donc actuellement trois opérations au lieu d’une; la présentation était plus rapide, plus simple, et évitait une