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phages des Apis, ils sont naturellement restés à leur place, et ils composent avec les galeries et les chambres du souterrain la seule partie qui soit accessible aux visiteurs. Malheureusement le dromos, l’avenue des sphinx, les tombes isolées, tous les abords, tous les annexes de la tombe divine, ont disparu de nouveau sous l’action permanente et envahissante des sables. Il est évident qu’au temps où les adorateurs d’Apis se rendaient au Sérapéum on avait soin d’entretenir les tranchées artificielles qui avaient dû être faites à grands frais pour établir et protéger l’accès de cette nécropole. Le sable est comme l’eau : il cherche incessamment et retrouve son niveau; c’est une erreur de croire que le vent a pu modifier sensiblement la hauteur de la couche superficielle. Le jour où l’entretien des avenues a été négligé, le désert a repris ses droits, c’est-à-dire son aspect primitif, et a replacé sur ce champ de la mort le linceul que l’industrie humaine en avait écarté.

La découverte du Sérapéum donnait lieu à deux publications différentes : l’une devait initier le public au plan, à la marche des travaux, et donner l’inventaire des monumens provenant des fouilles; l’autre, en présenter les résultats historiques et les conséquences au point de vue des études religieuses, et en particulier du dogme de l’ancienne Égypte. De ces deux ouvrages, il n’a paru que quelques fragmens; il nous reste donc à faire connaître, — en suppléant par nos informations personnelles à l’insuffisance de ces notices, — et à préciser les principaux résultats que cette grande découverte a procurés.


II.

Le compte-rendu détaillé des fouilles du Sérapéum avec les plans et les explications techniques n’est pas encore publié ; les élémens seuls en sont préparés. Un manuscrit perdu, l’exécution de magnifiques livraisons de planches chromolithographiques interrompue brusquement, la reprise des fouilles sur d’autres points, enfin les occupations incessantes que réclame le musée créé à Boulaq, ont jusqu’à ce jour empêché M. Mariette de donner son grand ouvrage d’ensemble sur les résultats de sa première mission. Il a voulu du moins en faire comprendre l’intérêt au double point de vue de l’archéologie et de l’histoire religieuse et politique : tel a été le but qu’il s’est proposé dans les trois seuls écrits qu’il ait livrés au monde savant sur les fouilles de Saqqarah. Le premier de ces essais, intitulé Renseignemens sur les soixante-quatre Apis trouvés dans les souterrains du Sérapéum, n’a pas même été publié entièrement. Par une fatalité étrange qui semble s’attacher à la divulgation de sa découverte, le recueil où s’imprimait ce travail a cessé de paraître