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LE PHYLLOXÉRA
en europe et en amérique

II.
la vigne et le vin aux états-unis.




C’est d’hier à peine que l’attention des viticulteurs de France s’est portée vers les vignes américaines. Justement fiers de nos vins de luxe, qui n’ont pas d’équivalens dans le monde, et même de nos vins communs, si précieux comme boisson populaire, nous ignorions presque l’existence des nombreux cépages qui, de l’autre côté de l’Atlantique, entrent dans la grande culture, et dont les produits sous forme de raisins de table ou de vin prennent de plus en plus dans la grande république une importance méritée. D’ailleurs, jugeant de tous les raisins des États-Unis par les deux seuls que l’Europe ait longtemps connus, l’isabelle et le catawba, on leur attribuait à tous indistinctement le goût de cassis ou de framboise (foxy taste, goût de renard ou de sauvagine, comme disent les Américains), qui rend ces deux raisins peu agréables. Pour vaincre un tel préjugé, il a fallu que ces cépages dédaignés nous apparussent comme les sauveurs possibles de nos propres vignes, décimées ou menacées par le phylloxera vastatrix[1].

L’histoire de la culture de la vigne aux États-Unis d’Amérique présente donc en ce moment un intérêt d’actualité. Au point de vue utilitaire, il nous importe de savoir quelles ressources des cépages

  1. Voyez la Revue du 1er  février.