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travail et leurs services, et plus de facilité pour la satisfaction légitime de leurs besoins. La richesse, fruit du travail, est morale, et, quand elle a pour effet d’élever le prix des subsistances par l’abondance même de la production, loin d’en méconnaître la salutaire influence, il faut la bénir au contraire, parce que la cherté de la vie, qui a cette origine, est l’indice le plus sûr et le compagnon le plus inséparable de tous les autres progrès.

II.

Le blé n’est pas, comme on le sait, notre seule céréale alimentaire. D’autres espèces, de qualité inférieure et de prix moins élevé, complètent notre approvisionnement. Parmi les denrées qui nous fournissent ce supplément de ressources, le seigle, soit seul, soit associé au blé, occupe la première place.

Associé au blé, le seigle constitue le méteil, dont la culture convient aux sols qui ne sont pas assez riches pour produire exclusivement du blé. C’est une récolte qui perd du terrain par l’effet même des progrès de l’agriculture, beaucoup de terres à méteil ayant monté dans la catégorie des terres à froment. Elle occupait près de 1 million d’hectares en 1820 ; elle se borne aujourd’hui à un peu plus de la moitié de cette surface. Cependant le rendement s’est accru, et la production, qui était de 10 à 11 millions d’hectolitres en 1820, ne descendait pas au-dessous de 7 à 8 millions d’hectolitres en 1870. C’est là une ressource alimentaire qui n’est pas à dédaigner. Le méteil est habituellement consommé sur place par les populations des pays qui s’adonnent à cette culture. Le centre et l’ouest, ainsi que la plupart de nos vallées à sol léger, font usage du pain de méteil, qui est excellent au goût et qui se dessèche moins vite que le pain de blé.

Le seigle a plus d’importance dans nos cultures et dans notre alimentation que le méteil. C’est la céréale des sols légers ou maigres, et l’aliment des populations qui les cultivent. En 1820, il y avait 2 millions 1/2 d’hectares annuellement consacrés à cette culture, et la production totale, après défalcation des semences, se montait à 20 millions d’hectolitres. Le seigle n’occupe plus aujourd’hui qu’un peu moins de 2 millions d’hectares ; mais, grâce à l’élévation du rendement, nous avons encore 20 millions d’hectolitres pour la consommation. Les départemens qui en consomment le plus sont l’Allier, la Creuse, le Puy-de-Dôme et les cinq départemens taillés dans l’ancienne province de Bretagne.

L’orge est une céréale alimentaire qui peut fournir à la consommation un contingent de 6 millions d’hectolitres. Le maïs et le sarrasin nous donnent aussi de précieuses ressources : l’un, de 4 à