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une dernière sommation pour lui demander de souscrire dans un délai de huit jours : à un armistice, à la médiation des trois cours, aux limites de la Grèce, telles que les indique la circonscription tracée dans le protocole de la conférence de Constantinople en date du 5 septembre, à l’évacuation de toutes les places fortes que les Turcs occupent encore dans ces limites, enfin à l’établissement immédiat d’une négociation qui aurait lieu, dans une île de l’Archipel neutralisée à cet effet, entre les plénipotentiaires ottomans, les ministres des trois cours et des envoyés grecs, sur tous les détails du traité de paix définitif à conclure entre la Turquie et la Grèce. Si cet ultimatum est accepté, les négociations ne devront durer que deux mois ; s’il est rejeté, nous proposons une déclaration de guerre immédiate, l’entrée de nos troupes dans les principautés, toujours au nom des trois cours, telles opérations navales qui seront jugées les plus efficaces, et la résolution de concerter sans délai avec les autorités grecques tous les termes d’un traité exécutif de celui de Londres… Nos alliés ont prévu, comme nous, que l’obstination de la Porte provoquerait des mesures extrêmes. Déjà la conférence de Londres les discute, et nous savons qu’elles seront conformes au plan esquissé ci-dessus, sauf peut-être quelques modifications de détail. En tout état de cause, vous pouvez être certain qu’aucune des trois cours ne reculera devant les suites de la rupture qui vient d’avoir lieu avec l’empire ottoman, qu’aucune ne balancera quand il faudra imprimer à ses résolutions le caractère d’énergie que réclament et les décisions de la Porte et l’honneur comme les intérêts des premières puissances européennes. »

M. Nesselrode, au moment où il écrivait cette dépêche, affectait une assurance qu’il ne pouvait plus avoir. Les yeux de l’Europe s’étaient ouverts, et les projets mal dissimulés de la Russie n’alarmaient plus seulement l’Autriche. Dès le 4 décembre 1827, deux bâtimens napolitains, venant de Marseille, étaient arrivés à Malte ; l’un portait le colonel Codrington, fils de l’amiral, l’autre l’amiral sir John Gore, tous deux expédiés de Londres. Le premier était chargé de remettre au vainqueur de Navarin les récompenses accordées aux officiers qui avaient combattu sous ses ordres ; le second venait lui demander des détails plus circonstanciés sur les causes qui avaient amené cet engagement. Le cabinet britannique s’attendait déjà aux attaques de l’opposition, et voulait se mettre en mesure d’y répondre. À la même date, le colonel Cradoch était de nouveau envoyé en Égypte. « Pour ma part, écrivait Codrington à l’amiral de Rigny, je n’approuve pas qu’on sollicite une soumission que j’ai le droit et le pouvoir d’exiger. Mon plan eût été de se plaindre hautement de l’insulte et de l’agression dont nous avions été l’objet, et de demander pour première satisfaction que le sultan