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trouvé deux à Santorin. Les fusaïoles d’Hissarlik se comptent par milliers. Conservons le nom, puisque nous ignorons encore l’usage de la chose ; on le changera quand cet usage sera connu. Ces doubles cônes ressemblent à des molettes ou à des glands de passementerie ; seulement l’un des cônes est presque toujours plus allongé que l’autre, quelquefois même celui-ci se réduit à rien, et le cône peut se poser sur sa base ; mais le trou suivant l’axe ne manque jamais, et les plus anciennes fusaïoles sont plates et même évidées, semblables à des roues pleines. C’est toujours sur le cône le plus plat que se rencontrent les dessins gravés, et par conséquent c’est lui qui se trouvait au-dessus ou en avant, quel que fût l’usage de l’objet.

Ce sera une étude très longue et entièrement neuve que celle des fusaïoles troyennes ; ce sont elles qui nous diront le plus de choses sur la religion de ce peuple ancien, sur son origine et même sur sa race. Cette longue étude trouvera sans aucun doute sa clé dans les hymnes du Vèda, le seul livre à ma connaissance qui parle du même symbole et qui en donne l’interprétation. Les dessins répandus à profusion sur les fusaïoles ont presque tous un aspect monogrammatique et se composent de lignes : ainsi, pour représenter un lièvre, une ligne horizontale forme le corps, un petit crochet la tête, deux lignes obliques les oreilles, quatre lignes les jambes, et l’animal se reconnaît aisément ; un homme debout qui prie ou qui admire se compose d’une ligne verticale terminée en fourche par le bas, et en haut par un petit rond ; les bras sont une ligne horizontale qui se redresse à ses deux extrémités. Voici maintenant les principaux objets représentés de cette manière sur les fusaïoles troyennes. Parmi les choses naturelles figurées directement et sans intention symbolique, on remarque très souvent un soleil rayonnant, quatre soleils, sept soleils, douze soleils, nombre dont il n’est pas, je crois, fort difficile de découvrir le sens. Les étoiles, les constellations, la foudre, se voient aussi sur ces terres cuites. On y distingue souvent un rameau d’arbre à feuilles opposées, ou une fleur à pétales ronds ou pointus très nombreux, quelquefois disposés sur plusieurs rangs, et presque toujours ces fleurs ont leur pédoncule représenté par un trait latéral. — Parmi les figures d’animaux symboliques, on remarque surtout le lièvre, deux espèces d’antilopes, l’une à cornes simples, l’autre à cornes divisées comme les bois d’un cerf ; il y a aussi la chenille, la sauterelle et l’homme en prière. Le lièvre et les antilopes nous sont connus, le premier comme le symbole ordinaire de la lune dans l’ancienne mythologie aryenne, les autres comme l’attelage des vents. Quant à la chenille et à la sauterelle, dans le symbolisme perse, qui n’est pas moins aryen que celui de l’Inde, ce sont deux êtres malfaisans qui sont re-