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violente et semble s’être dénouée par la victoire des troupes. Les événemens de Madrid étaient de nature à décourager l’insurrection de Carthagène elle-même, qui n’a pas tardé à se rendre, qui est rendue en ce moment, de sorte que voilà l’Espagne avec une révolution de plus, avec une dictature à peu près établie, dont le premier mot a été la dissolution des cortès et l’ajournement indéfini d’élections nouvelles.

Assurément rien n’est plus triste que ces interventions de la force, d’autant plus que dans cette voie on n’est jamais au bout, que les coups d’état appellent les coups d’état, qui le plus souvent ne font que pallier un mal du moment sans le guérir. Ce n’est pas tout aujourd’hui en effet que d’avoir dispersé une assemblée, à la vérité peu intéressante, qui était une menace pour l’Espagne, et qui est allée d’elle-même au-devant de l’acte de brutalité militaire qui l’a frappée. Tout est à faire maintenant ; il faut reconstituer une administration, trouver des ressources financières, qui manquent absolument, réorganiser l’armée, tourner tous ses efforts contre les carlistes, qui, sans avancer, occupent vigoureusement et de plus en plus les provinces du nord. Peut-être le général Serrano se flatte-t-il d’être l’homme de cette situation réparatrice, et au besoin, s’inspirant à sa manière de ce qui se passe en France, il pourrait songer à se décerner à lui-même une présidence septennale. Il a joué déjà bien des rôles, peut-être va-t-il jouer celui-là. Le difficile pour lui est de vivre, de se fixer, de s’arrêter dans la voie de réaction ouverte par le coup d’état du 3 janvier. Ce qui vient de se passer est pour sûr la défaite de la république ; ce n’est pas encore un préliminaire de monarchie, mais une restauration du fils de la reine Isabelle n’est plus aussi impossible dans un pays qui ne se soumettrait pas à un absolutisme carliste, qui a peu de goût pour une royauté étrangère, sans avoir décidément la vocation de la république. Une série nouvelle d’événemens s’ouvre désormais pour l’Espagne.

ch de mazade.

ESSAIS ET NOTICES.



Les Soirées de la villa des Jasmins, par Mme  la marquise de Blocqueville,
2 vol. in-8o, Didier, 1874.

Sous ce titre poétique, les Soirées de la villa des Jasmins, une personne distinguée bien connue du monde de Paris, Mme  la marquise de Blocqueville, vient de publier une série d’entretiens philosophiques où elle a résumé les pensées, les rêveries et les lectures de toute sa vie. L’auteur a-t-il eu raison de choisir cette forme de préférence à quelque autre de plus récente fortune ? Nous le croyons, et nous demandons