Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/450

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Foucault vint à son tour jeter dans la balance le résultat de sa mémorable expérience sur la vitesse de la lumière, qu’il avait réussi à mesurer directement à l’aide d’un miroir tournant, bien que la lumière se propage avec une rapidité vertigineuse, car elle franchit 300 000 kilomètres en une seconde. Il put conclure de cette détermination que la parallaxe du soleil était égale à 8″,86[1]. Ce résultat fut obtenu en 1862. La même année, la planète Mars devait se trouver en opposition avec le soleil, c’est-à-dire dans les conditions les plus favorables pour la détermination de sa parallaxe, puisqu’elle est alors deux fois moins éloignée de nous que le soleil. Elle fut observée avec soin au cap de Bonne-Espérance et en Australie en même temps qu’en Europe, et la discussion des observations, qui fut entreprise par M. Stone et par M. Winnecke, donna pour la parallaxe solaire une valeur un peu supérieure à 8″,9. En présence de tous ces résultats, qui se confirmaient mutuellement, les doutes les plus sérieux s’élevaient sur l’exactitude des calculs de M. Encke. Un jeune astronome, M. Powalky, les soumit à une révision sévère en 1864 ; il est arrivé à démontrer qu’en choisissant seulement les meilleures observations et en rectifiant les positions géographiques de quelques-unes des stations où ces observations ont été faites, on peut tirer du passage de 1769 un nombre qui s’accorde avec ceux de M. Le Verrier et de Léon Foucault. Ainsi tous les chemins conduisent à la même conclusion : la valeur exacte de la parallaxe solaire doit être comprise entre 8″,8 et 8″,9. C’est là ce que confirmera, selon toutes les prévisions, le passage qui aura lieu le 9 décembre de cette année.

Depuis dix ans, on n’a cessé de discuter le choix des stations et des méthodes les plus propres à donner un résultat satisfaisant. En 1866, une commission présidée par M. l’amiral Jurien de La Gravière fut chargée par le ministre de l’instruction publique d’indiquer les mesures qu’il y aurait à prendre pour faciliter aux astronomes français l’observation du passage de Vénus. M. Puiseux se livra dès lors à un examen minutieux de toutes les circonstances du phénomène de 1874, et traça sur une mappemonde les lignes qui peuvent guider les observateurs dans le choix de leurs stations.

  1. Il résulte du phénomène de l’aberration que la vitesse de translation de la terre dans son orbite est un dix-millième de la vitesse avec laquelle la lumière se propage dans l’espace. Connaissant la vitesse de la lumière, on a donc celle de la terre (qui est d’environ 30 kilomètres par seconde), et par suite la longueur du chemin qu’elle parcourt dans l’année, d’où l’on peut conclure toutes les dimensions de l’orbite. Dans ces derniers temps, M. Cornu a repris la détermination directe de la vitesse de la lumière par un procédé plus exact en perfectionnant une méthode imaginée d’abord par M. Fizeau et essayée par lui en 1849.