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qu’une partie soit consacrée à la police, à la construction des ponts, à l’entretien des routes, et qu’à l’avenir aucune contribution nouvelle ne soit établie que par le roi ou de son consentement. Elles portent sur les communes, car les villes qui avaient participé au mouvement d’émancipation s’étaient enrichies par le travail et la liberté, elles avaient leurs impôts comme les fiefs, leurs domaines patrimoniaux comme les rois ; mais leurs finances étaient généralement mal administrées, leurs ressources s’appliquaient exclusivement à des intérêts locaux, et saint Louis veut qu’elles prennent leur part des charges publiques. Il cherche dans leur budget un fonds de réserve qui supplée dans les momens difficiles à l’insuffisance du trésor royal, et, pour atteindre ce but, il soumet leurs finances au contrôle de son gouvernement et leur enjoint d’envoyer tous les ans des délégués à Paris pour y rendre leurs comptes. Ainsi les exactions pontificales sont sévèrement contenues ; une partie des revenus de la seigneurie reçoit une destination d’intérêt public, l’administration financière des communes est rattachée à l’administration financière de l’état, et le droit d’imposer est subordonné à la sanction royale.

C’étaient là sans doute, eu égard à l’organisation politique et sociale du xiiie siècle, des résultats importans ; mais les sages mesures adoptées par saint Louis étaient loin de résoudre toutes les difficultés, et bientôt un nouvel et puissant effort fut tenté par Philippe le Bel pour généraliser l’impôt, assurer au trésor des ressources régulières, et mettre ces ressources au niveau des besoins d’un royaume qui grandissait chaque jour en étendue et en puissance. Louis IX avait refusé à la cour de Rome le droit de lever des subsides en France, et Boniface VIII refusait à son tour au roi de France le droit d’imposer le clergé. Philippe le Bel, malgré le pape, taxe le clergé au dixième de ses revenus. La bourgeoisie invoquait ses franchises, Philippe la taxe au cinquantième ; la noblesse prétendait ne devoir à la couronne que des aides volontairement octroyées, Philippe la taxe au centième, et n’exempte que ceux des nobles qui servent en personne dans ses années. Les produits du dixième, du cinquantième et du centième ne suffisent cependant pas à l’accomplissement de ses desseins, car il veut organiser et centraliser l’administration, arracher la Guyenne aux Anglais, reculer les frontières au nord et au midi, et annexer à son royaume, où l’industrie ne faisait que de naître, le plus grand centre industriel et les plus riches provinces de l’Europe occidentale, ces belles provinces flamandes que la France a toujours convoitées, et qu’elle a toujours perdues après les avoir conquises. Il établit donc, en sus des impôts fonciers nouvellement créés et rendus obligatoires, tout un système de contri-