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à l’enregistrement des immigrans. Pour cela, on les conduit à la Rotonde, immense espace circulaire qui forme le centre de Castle-Garden avec un dôme de 75 pieds de hauteur pour la ventilation. Des compartimens séparés sont réservés à ceux qui parlent anglais. On demande à chaque immigrant son nom, sa profession, sa nationalité, son dernier lieu de résidence, le lieu où il entend se diriger. Tout cela forme les élémens d’états statistiques très intéressans qui sont plus tard livrés au public.

Ces formalités accomplies, les passagers sont adressés aux divers agens des compagnies de chemins de fer qui ont leur bureau dans Castle-Garden, Railroad-department, et qui leur fournissent des billets pour toutes les stations des États-Unis ou du Canada où ils désirent se rendre. Les bagages sont reçus et remisés dans une vaste salle, Baggage-room. La salle nouvelle, construite en 1869, n’a pas coûté moins de 380 000 francs (75 000 dollars). Le mode d’enregistrement des bagages mérite d’être décrit. Une rondelle de laiton portant une des lettres de A à F et un des chiffres de 1 à 600 est délivrée à l’immigrant, et l’on passe autour de chaque pièce de son bagage une rondelle pareille. La salle des bagages renferme six compartimens désignés par les lettres A, B, C, D, E, F, et chaque compartiment est divisé en 600 numéros. Il en résulte que 3 600 colis peuvent aisément être ainsi enregistrés et emmagasinés. Malgré ce chiffre formidable, il n’y a aucun embarras, aucune confusion, aucune erreur, et un bagage peut être retiré instantanément sur le vu de la rondelle correspondante livrée par le requérant. Si les lettres de A à F ne suffisent pas, on recommence avec les lettres suivantes, car la salle des bagages peut contenir jusqu’à 15 000 colis. Les immigrans qui poursuivent leur route pour l’intérieur, après avoir pris leur billet, portent leur bagage à la bascule. Ils paient l’excédant, et on leur expédie leurs colis gratuitement à la gare du railroad ou au dock du bateau à vapeur par lequel ils doivent partir. Ceux qui se rendent en ville donnent au contraire leur adresse, et échangent leur rondelle de laiton contre un reçu imprimé et rempli. Le bagage est alors promptement délivré à domicile contre un remboursement minime pour le port fixé par un tarif.

Là ne se bornent pas toutes les mesures ingénieuses prises en faveur des immigrans. Ceux d’entre eux qui ont de l’or ou de l’argent et qui désirent l’échanger contre du papier-monnaie ou green-hacks, la seule monnaie légale qui ait cours aux États-Unis depuis la guerre de sécession, s’adressent au bureau des agens de change, Exchange-office, admis dans Castle-Garden. Ils y changent leur monnaie au


    dont 182 aliénés. Il y a en outre à Castle-Garden même une sorte d’hôpital provisoire, deux salles pour les malades, hommes ou femmes, qu’il peut être urgent de soigner.